Ventes à perte : jeu de rôle entre pétroliers et gouvernement21/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2877.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ventes à perte : jeu de rôle entre pétroliers et gouvernement

Les distributeurs de carburants étaient conviés le 19 septembre au ministère de l’Économie à Bercy par le gouvernement pour discuter de sa énième proposition contre l’inflation : un projet de loi, qui devrait être déposé en octobre prochain et qui autoriserait les distributeurs de carburant à vendre à perte.

Dès l’annonce de cette proposition gouvernementale, les gros distributeurs Leclerc, Carrefour, et autres mastodontes ont avancé qu’ils ne pouvaient pas perdre de l’argent, que leurs marges étaient très faibles, en un mot les arguments habituels des grands patrons. Il s’agissait donc pour eux de commencer les marchandages pour aboutir à ne rien lâcher tout en obtenant quelque chose en échange de ce rien. La presse a rappelé en effet que ces multinationales de la distribution cherchent à obtenir un moratoire sur la loi Descrozaille, votée l’an dernier, qui prévoit un plafonnement des promotions sur les produits d’hygiène et de beauté. On peut parier sans risque qu’ils auront fait valoir leurs intérêts.

TotalEnergies, qui gère un tiers des stations-service en France, avait annoncé de son côté il y a peu, en grand seigneur, qu’il poursuivrait le blocage de ses prix à 1,99 euro le litre « au-delà de la fin 2023, tant que les prix resteront élevés ». Qui peut oublier que Total­Energies n’est pas seulement un distributeur mais aussi un raffineur et fournisseur de carburant, et qu’il est, à ce titre, responsable de ce maintien des prix à un niveau élevé ? Qui peut oublier de plus qu’il a encaissé les bénéfices les plus importants depuis toujours, à savoir 19,1 milliards d’euros, pour l’année 2022, une hausse de 28 % par rapport à 2021 ?

Ni Total ni aucun des grands groupes capitalistes n’ont évidemment l’intention de rogner leurs profits. L’annonce du gouvernement qu’ils sont désormais autorisés à vendre à perte permet seulement à celui-ci de dire qu’il agit. Cette comédie ne trompera pas les travailleurs, contraints de prendre leur voiture pour aller travailler, qui voient leurs dépenses flamber.

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