Grèce : une offensive contre les travailleurs21/09/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/09/P16-2_Manifesation_lors_de_la_precedente_loi_travail_en_2021_C_Costas_Baltas.JPG.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : une offensive contre les travailleurs

Le gouvernement grec a soumis au Parlement son nouveau projet de loi travail dont chaque article est une attaque contre les droits des travailleurs.

Illustration - une offensive contre les travailleurs

La loi précédente, en légalisant la journée de dix heures et en imposant un service minimum dans le public, était déjà un recul. Cette fois-ci la semaine de travail légale devient de six jours, au lieu de cinq. Cette mesure était réclamée depuis longtemps par le SEV, le Medef grec, porte-parole des plus gros patrons, en particulier ceux des entreprises fonctionnant en continu, pour éviter d’embaucher et de payer 40 % de plus la journée supplémentaire.

En ce qui concerne le temps de travail journalier, la seule obligation est le respect des onze heures de repos par jour. Les travailleurs, même à temps plein, sont maintenant autorisés à cumuler plusieurs emplois. Bien sûr, près d’un salarié sur six y recourt déjà, vu la faiblesse des salaires et un smic bien insuffisant à 780 euros par mois. Mais maintenant ils pourront, à la limite, travailler treize heures par jour, avec la bénédiction du ministre du Développement et des Investissements, Adonis Georgiadis, qui y voit une façon « de rendre nos relations de travail plus honnêtes » !

Quant aux contrats de travail, la fin de la plupart des conventions collectives les avait déjà rendus très incertains, voire inexistants. Le gouvernement grec veut maintenant introduire le contrat « zéro heure » : le travailleur embauché devrait attendre l’appel du patron quand celui-ci le juge bon, au plus tard 24 heures avant la prise du travail, seul le temps effectivement travaillé étant rémunéré. Il est question aussi de « travailleurs probatoires », employés « en apprentissage » et licenciés au bout de six mois sans compensation.

Quant au droit de grève, déjà bien limité par l’obligation d’un vote de 50 % des syndiqués pour que le mouvement soit légal, il devrait l’être encore davantage. La future loi ouvre la porte à d’autres limitations, notamment en cas de violences, y compris « psychologiques », s’exerçant sur « ceux qui souhaiteraient travailler ». Elle interdit « l’occupation de zones ou d’entrées de lieux de travail pendant une grève ». La peine prévue est de six mois de prison et les amendes d’au moins 5 000 euros.

Le gouvernement de droite dirigé par Mitsotakis n’invente rien. D’autres, de droite ou de gauche, comme Syriza, ont accepté de jouer, contre les travailleurs, le rôle de courroie de transmission de la politique des patrons, de Grèce et d’ailleurs.

Mitsotakis fait un pas de plus en affichant son mépris et sa volonté de mettre au pas la population. Le ministre chargé de cette offensive n’a pas été choisi par hasard : Georgiadis est un ex-membre du Laos, un ancien parti d’extrême droite, viscéralement hostile aux travailleurs.

Ce projet est une vraie provocation et on peut espérer que l’appel à une manifestation le jeudi 21 septembre soit le début d’une riposte.

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