Fête de l’Humanité : quelles perspectives pour le PCF ?21/09/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/09/P4-1_ete_Huma_2023_C_LO.jpg.420x236_q85_box-70%2C0%2C730%2C371_crop_detail.jpg

Leur société

Fête de l’Humanité : quelles perspectives pour le PCF ?

Le journal l’Humanité a annoncé 430 000 entrées sur trois jours à sa fête des 15, 16 et 17 septembre, ce qui représenterait 100 000 entrées de plus que l’année dernière. Le PCF a donc réussi à maintenir une importante affluence à sa traditionnelle manifestation, malgré son déménagement forcé de la banlieue nord à la banlieue sud de Paris, relativement lointaine, à cause des chantiers des Jeux olympiques.

Illustration - quelles perspectives pour le PCF ?

Le PCF parle « d’­inventer la France des jours heureux » et demande « à quand le bonheur ? » Mais à l’heure d’une crise qui s’aggrave, quelle politique propose-t-il aux dizai­nes de milliers de militants et de sympathisants qu’il est ainsi capable de réunir ? Son dirigeant, Fabien Roussel, a cherché à se donner une image radicale. Au début du discours prononcé lors de l’inauguration de la fête, il a annoncé qu’il participerait personnellement à une opération « Robin des Bois » avec des militants de la CGT d’EDF pour faire passer en heures creuses un hôpital, une école ou un HLM. Ajoutant à l’adresse d’on ne sait qui : « Et qu’ils viennent tous m’arrêter ! »

Tout le discours était à l’image de cette introduction : après les déclarations pour dénoncer la situation catastrophique de la population on attendrait autre chose que ce type de bravade. Après avoir parlé de l’inflation et des effets sur le niveau de vie des classes populaires, il a dit : « Ou bien ils agissent, ou nous passons à l’action ! » Sans rien préciser ensuite sur ce qu’il entendait par là. Et de parler ensuite… de la transition écologique nécessitant « une révolution complète de nos modes de production », pour promettre que, s’il était président, il garantirait que 6 % du PIB serait consacré à cette transition. Les capitalistes du secteur pourraient se frotter les mains... en pensant aux subventions que cela promet.

Finalement, s’adressant à Macron et à Borne, Roussel a déclaré : « Augmentez les salaires, les retraites et indexez-les sur l’inflation ! » Puis, il a menacé : « Si le gouvernement n’apportait aucune réponse à cela dans les prochaines semaines, […] nous appellerions à des mobilisations partout en France devant les stations essence, les grandes surfa­ces et les préfectures. »

Ces menaces ressemblent surtout à une mise en scène qui se veut radicale dans la concurrence avec ses alliés de la Nupes, LFI, PS et Verts. Le dirigeant du PCF voulait se poser en solution de rechange de gauche pour 2027, et le débat avec l’ancien Premier ministre de Macron Édouard Philippe était destiné à renforcer cette image. Sur la réforme des retraites, après avoir rendu hommage au prétendu « courage » de Philippe, il a fustigé non pas la violence de cette attaque, qui vole aux travailleurs deux ans de leur vie, mais… le 49.3, qui « a mis dans la tête des gens que le Parlement ne sert à rien ! »

Le PCF, à son origine, se fixait comme perspective d’être l’outil de la classe ouvrière pour renverser la classe capitaliste et prendre le pouvoir. Doit-il aujourd’hui se donner pour tâche de convaincre les travailleurs que leur vie pourra changer en se fiant à la voie électorale et parlementaire ? C’est à cela que conduisent tous les discours de Roussel et son ton qui se veut radical : c’est mener les travailleurs dans l’impasse déjà maintes fois explorée par la gauche de gouvernement.

Partager