G20 : les BRICS et l’impérialisme13/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

G20 : les BRICS et l’impérialisme

Le dernier sommet du G20, qui vient de se tenir à New Delhi, a été présenté comme un succès politique du président indien Modi, des pays membres des BRICS et des pays dits du Sud global, nouvelle appellation hypocrite des pays pauvres.

Ainsi, la déclaration finale de ce sommet, où se sont rendus Biden et Macron mais pas Poutine ou Xi Jinping, ne dénonce pas explicitement l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, ce qui provoque la colère de l’Ukrainien Zelensky. Le président brésilien Lula, qui doit accueillir le prochain sommet du G20, s’est même dit prêt à y accueillir Poutine malgré le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

Certes, les déclarations finales du G20 ne sont, sur la guerre et la paix comme sur l’avenir climatique de la planète, que des phrases creuses qui n’engagent personne. Les véritables décisions, interventions militaires, livraisons d’armes, blocus économiques, sont prises par les dirigeants des grandes puissances en fonction des intérêts de leurs bourgeoisies respectives. Mais ces déclarations des présidents indien ou brésilien montrent que les dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), et d’autres pays comme l’Indonésie ou l’Arabie saoudite, rechignent à s’aligner derrière les États-Unis et les autres puissances impérialistes. Ils s’appuient pour cela sur les sentiments de leurs propres peuples, qui subissent depuis des lustres la domination impérialiste.

Mais, contrairement aux espoirs répandus parmi les classes populaires de ces pays et même parmi une fraction des travailleurs en France, les BRICS ne représentent pas une force homogène capable de s’opposer à la tutelle et au pillage des grandes puissances. En refusant de se mettre au garde-à-vous derrière les États-Unis, les dirigeants de ces pays défendent d’abord les intérêts de leurs propres classes privilégiées, pour qu’elles trouvent une meilleure place dans une économie capitaliste de plus en plus féroce.

Ces dirigeants rééditent en quelque sorte le Mouvement des non-alignés, lancé à Bandung en 1955 par l’Indonésien Soekarno. Des pays fraîchement indépendants comme l’Indonésie, l’Inde de Nehru, l’Égypte de Nasser ou encore la Chine et la Yougoslavie, tentaient alors de limiter le pillage qu’ils subissaient et refusaient de s’aligner sur les deux superpuissances de l’époque, les États-Unis et l’Union soviétique. Cet attelage ne dura pas, le tiers-mondisme fit long feu et la domination impérialiste se poursuivit en accordant aux bourgeoisies de quelques pays pauvres une certaine place, mais bien limitée.

Aujourd’hui, l’Inde et la Chine sont en rivalité pour jouer le rôle d’atelier du monde, prêtes l’une comme l’autre à livrer leurs prolétaires à la pire exploitation des industriels occidentaux et de leurs sous-traitants locaux. Elles sont presque en guerre pour se disputer une frontière dans l’Himalaya. En Inde, l’ultra-nationaliste Modi, reçu en grande pompe par Macron le 14 juillet dernier après avoir acheté les Rafale de Dassault, est en train de creuser des fossés de sang entre hindous, musulmans et autres religions, pour faire oublier les causes de la misère et mieux asseoir son pouvoir. Quant à Lula, il a prouvé, pendant toutes les années passées au pouvoir, qu’il était un très bon serviteur du patronat brésilien, respectueux des intérêts de l’impérialisme.

Dans les pays des BRICS comme dans les métropoles impérialistes, il n’y a pas de sauveur suprême : les opprimés ne peuvent compter que sur leurs propres forces pour changer leur sort.

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