Barbouze : au service (secret) de LVMH13/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Barbouze : au service (secret) de LVMH

L’ex-dirigeant du renseignement intérieur (DCRI devenu DGSI), Bernard Squarcini, va être jugé par le tribunal de Paris, principalement pour avoir aidé illégalement Bernard Arnault, patron multimilliardaire du groupe de luxe LVMH.

Il est accusé, entre autres, alors qu’il dirigeait la DCRI, d’avoir mobilisé illégalement en 2008 pas moins d’une dizaine d’agents secrets pour retrouver qui faisait chanter Arnault. Ayant été écarté de la DCRI en 2012 par le président Hollande, qui le trouvait trop proche de Sarkozy, il a alors créé une agence qui travaillait principalement pour… LVMH.

Deux magistrates financières lui reprochent d’être alors parti de la DCRI avec presque 400 documents classés « confidentiel défense », dont une partie a été retrouvée dans son bureau à… LVMH. Elles l’accusent aussi d’avoir utilisé son réseau de connaissances au sein de la police pour obtenir des renseignements sur une plainte déposée par le groupe Hermès contre LVMH. Squarcini se serait procuré des informations de la même manière sur le journal Fakir et son fondateur, François Ruffin, actuellement député LFI, qui réalisaient alors un documentaire sur Arnault.

Cette affaire est révélatrice des relations fusionnelles entre l’appareil d’État et les dirigeants des grands groupes capitalistes. D’ailleurs, Squarcini ne sera pas le seul sur le banc des accusés puisque figureront aussi un préfet, des responsables de la police, un magistrat, etc.

Et surtout, LVMH n’est pas le seul trust à utiliser ces pratiques et à recycler des hommes issus de l’appareil d’État. Ikea France a été condamné en 2021 pour avoir fliqué ses salariés en ayant recours à une société fondée par un ancien dirigeant des renseignements généraux, qui avait accès aux informations d’un fichier central de la police, supposé confidentiel.

Squarcini finira peut-être en prison, mais les principaux responsables de cette affaire, les dirigeants de LVMH, ne seront pas inquiétés. Ils ont en effet signé en 2021 un accord avec le tribunal de Paris qui a abandonné toute poursuite contre eux en échange d’une amende de dix millions d’euros : une paille !

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