Mayotte : un manque d’eau dramatique06/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : un manque d’eau dramatique

Depuis le 4 septembre, sur décision préfectorale, les habitants de Mayotte n’ont accès à l’eau courante qu’un jour sur trois à cause de la grave pénurie d’eau que traverse le département depuis plusieurs mois, la plus importante depuis 1997.

Ces « tours d’eau »décidés par le préfet, sont un tour de vis supplémentaire pour la population qui pâtit déjà depuis des mois des coupures très fréquentes, contrainte de stocker l’eau comme elle peut dès qu’elle coule au robinet, pour ses usages forcément limités.

Face à cette situation d’urgence, le ministre délégué à l’Outremer, Philippe Vigier, en déplacement sur l’île début septembre, a présenté son « Plan Marshall pour Mayotte » qui est bien dérisoire au regard des besoins des habitants. En effet, Vigier a promis de distribuer chaque jour 70 000 bouteilles d’eau aux personnes vulnérables, identifiées par l’ARS, telles que les femmes enceintes et les enfants, soit deux litres par personne. À qui ces bouteilles seront-elles achetées ? Aux grandes surfaces à Mayotte ? À 46 centimes le litre vendu actuellement en magasin, elles ont de quoi...mettre l’eau à la bouche !

Le reste de la population devra se contenter de quinze futures citernes avec des rampes d’approvisionnement (des fontaines) qui seront installées sur tout le territoire. Elles seront remplies grâce à des stations de traitement de l’eau pour qu’il y ait « zéro risque sanitaire » selon le ministre. Mais d’où l’eau sera-t-elle acheminée ? Les deux retenues collinaires existantes de Dzoumogné et de Combani sont presque à sec et l’usine de dessalement tourne au ralenti… Voilà pour ce qui est de l’urgence.

Mais les solutions à long terme avancées par Vigier restent tout aussi hypothétiques. Il a parlé de travaux « considérables à faire sur les fuites, sur l’interconnexion », de la construction d’une troisième bassine et de la hausse de la capacité de l’usine de dessalement pour fin 2023.

Or, cela fait des années qu’il est question de réparer les fuites qui provoquent une déperdition d’un tiers de l’eau consommée. Pour ce qui est de la troisième bassine, elle était déjà prévue depuis 2020 mais les travaux n’ont toujours pas commencé. Quant à l’extension de l’usine de dessalement, démarrée en 2017, elle n’est toujours pas achevée ! La faute en serait à des imbroglios administratifs, notamment dus au Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM) qui fait l’objet d’une enquête pour délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Il n’y a donc pas que l’eau qui fuit !

À l’instar de toutes les autres infrastructures (écoles, hôpitaux, logements, routes…) nécessaires à la population, l’adduction en eau potable est le cadet des soucis des gouvernements qui passent.Leur seule véritable préoccupation est de satisfaire les exigences des capitalistes de Mayotte comme la SMaE ( Société Mahoraise des Eaux) filiale de Vinci, pour qui le robinet à fric du gouvernement n’est jamais à sec.

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