Gabon : à l’ombre de la Françafrique30/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gabon : à l’ombre de la Françafrique

Depuis le scrutin du 26 août, qui aurait tourné en défaveur du dictateur Bongo, le Gabon vit sous couvre-feu et l’accès à Internet a été coupé. La crise politique a débouché, mercredi 30 août, sur une tentative de coup d’État contre Bongo.

Ce pays d’Afrique équatoriale peuplé de 2,4 millions d’habitants regorge de richesses, notamment de pétrole et de gaz. Le bois est aussi exploité. Les hydrocarbures sont aux mains des multinationales. Seules les infrastructures liées aux exportations sont modernes. La population gabonaise, dont le tiers vit en dessous du seuil de pauvreté, se débat pour survivre et 40 % des jeunes sont au chômage.

L’État français est intervenu sans discontinuer, y compris militairement, pour défendre les intérêts des entreprises, comme Total­Energies, qui contrôlent l’économie de cette ancienne colonie.

Cette mainmise économique est garantie par le soutien apporté à Omar ­Bongo, qui a dirigé le Gabon de 1968 jusqu’à sa mort en 2009. Les obsèques de ce dictateur ont eu lieu en présence de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, ainsi que de Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf.

Ministre de son père pendant vingt ans, Ali Bongo lui a succédé en muselant toute opposition. Le vernis démocratique des élections gabonaises s’est écaillé un peu plus en 2016, lorsqu’Ali Bongo a assuré sa réélection, probablement frauduleuse, en bombardant le QG de son adversaire, faisant 27 morts à quelques pas du camp de l’armée française, qui n’a pas bronché.

Bien que très diminué depuis quelques années suite à un AVC, Bongo a voulu se faire « élire » à nouveau en 2023. La France le lâchera-t-elle au profit d’un autre pour garder son contrôle sur le Gabon ? Ou bien soutiendra-t-elle encore cette dictature comme elle l’a fait constamment jusque-là ?

Au mois de mars, Macron est venu rendre une visite chaleureuse à Ali Bongo. Au Gabon comme au Sahel, le gouvernement français et ses soldats se préoccupent exclusivement, au nom de la démocratie bien sûr, de défendre les intérêts des grandes entreprises qui pillent le continent.

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