Emmaüs – Saint-André-lez-Lille : plus d’un mois de grève09/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/08/2871.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Emmaüs – Saint-André-lez-Lille : plus d’un mois de grève

Depuis le 4 juillet, les travailleurs sans papiers de la halte Saint-Jean d’Emmaüs à Saint-André-lez-Lille sont en grève.

Ces 21 grévistes, soutenus par le comité 59 des sans-papiers et la CGT, dénoncent des conditions d’exploitation proches de l’esclavage. Ainsi témoigne une travailleuse : « À mon arrivée il y a cinq ans, j’étais enceinte et déjà mère d’un enfant de 2 ans, Emmaüs nous a expliqué que si nous voulions garder notre logement, pour mon mari et moi, il fallait que nous travaillions quelles que soient les conditions et qu’il n’y aurait pas d’aménagement de travail possible dans ma situation. Il fallait donc que je fasse mes ménages avec mon bébé attaché dans le dos et enceinte, jusqu’au jour même de mon accouchement. »

Ces travailleurs refusent le terme de bénévoles alors qu’ils travaillent 40 heures par semaine soit 160 heures par mois pour 150 euros ! et ils dénoncent le discours d’Emmaüs comme mensonger : « Ce n’est pas vrai, il ne nous offre pas le gîte et le couvert. Nous devons payer pour tout, nous avons des prélèvements pour payer les charges d’électricité et de chauffage. Pour la nourriture, on doit payer 1,50 euro par jour alors que souvent nous n’avons accès qu’à des produits alimentaires qui dépassent les dates de péremption. »

En magasin, la direction impose des quotas de vente obligatoire à atteindre sous peine de sanctions financières. Après cinq ans de travail et de promesses, loin d’avoir une régularisation, des travailleurs sont sous la menace d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Outre leurs conditions d’exploitation, ils se plaignent des brimades, des humiliations quotidiennes teintées de racisme, avec par exemple la fouille régulière des appartements par la direction.

Tout cela a fini par provoquer la révolte et une grève illimitée. Déterminés, les travailleurs revendiquent le paiement de leurs arriérés de salaires, leur régularisation immédiate, mais aussi la démission et la mise en accusation de la directrice et du président de la communauté de la Halte, pour traite d’êtres humains. Martin Hirch, ex-président d’Emmaüs et Commissaire aux solidarités actives sous Sarkozy, avait alors fait passer une loi faisant des compagnons des travailleurs sans droit et sans statut. Les grévistes, eux, veulent être reconnus comme des travailleurs salariés à part entière. Leur lutte continue et mérite un plein soutien.

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