Capécure – Boulogne : faire de l’oseille avec le poisson02/08/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/08/P10-2_capecure_2023_07_31_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Capécure – Boulogne : faire de l’oseille avec le poisson

La zone de Capécure, à Boulogne-sur-Mer, est le plus grand pôle européen de transformation des produits de la mer – 380 000 tonnes chaque année. On y compte une centaine d’entreprises pour la transformation et le transport, et 5 000 ouvriers y travaillent.

Illustration - faire de l’oseille avec le poisson

Dans une agglomération où le taux de chômage approche les 20 %, le patronat impose des salaires généralement plus bas qu’ailleurs. Dans les ateliers de découpe du poisson, où il ne fait jamais plus de 6° C, on doit accumuler les couches de vêtements.

Les gestes répétitifs causent de nombreux troubles musculo-squelettiques. Avant de décrocher un CDI, les ouvriers ont souvent tourné des années dans toutes les entreprises de la zone, alternant contrats d’intérim et périodes de chômage. Mais sur la zone sont implantés des mastodontes du secteur qui réalisent d’énormes profits et attirent les appétits de nombreux fonds d’investissement.

L’entreprise Findus par exemple, qui emploie plusieurs centaines d’ouvriers, est une filiale de Nomad Foods Limited, un trust anglais des produits surgelés, dont le siège social est basé aux îles Vierges britanniques, paradis fiscal où l’impôt sur les bénéfices n’existe pas. Findus a successivement été propriété de Nestlé, de Unilever, ou encore de la banque américaine J.P. Morgan. Elle est toujours cotée à la Bourse de New-York.

À Capécure est aussi implanté Mowi, leader mondial du saumon d’élevage coté à la Bourse d’Oslo. Pour la première fois de son histoire, Mowi a réalisé un milliard de bénéfices en 2022. Alors que la demande mondiale en saumon a augmenté, les quelques trusts du secteur en situation de monopole ont sciemment limité leur production.

Comme dans beaucoup d’autres secteurs, cela a fait exploser les prix de vente du produit fini et alimenté l’inflation. Parallèlement, plus de 3 500 emplois ont été supprimés dans l’ensemble du groupe, et si Mowi produit moins, ses profits atteignent des sommets.

Ces entreprises, déjà très riches, peuvent compter sur les subventions des pouvoirs publics pour augmenter encore leur fortune. La dernière en date est un plan d’investissement public de 16 millions pour la réfection des routes et la remise en état de friches industrielles.

Les travailleurs, sans qui rien ne sortirait des usines, ont toute légitimité pour exiger de meilleurs salaires, comme l’ont fait les ouvrières de Pescanova, au mois de juin, obtenant 6 % d’augmentation grâce à leur grève.

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