Un liquide en or26/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un liquide en or

Par souci d’économies, l’État ou les sociétés exploitantes ont depuis longtemps négligé l’entretien du réseau d’acheminement d’eau potable.

Résultat : on estime que plus de 25 % de l’eau qui transite dans les canalisations, souvent vieilles de plusieurs dizaines d’années, se perd en route à cause de ce manque d’entretien.

Cette incurie a pris sa forme la plus dramatique en Guadeloupe, où des coupures d’eau quotidiennes de plusieurs heures sont imposées depuis longtemps à la population.

Cela n’empêche pas les grands groupes de faire leur profit sur le précieux liquide, en faisant payer la quasi-totalité de la facture d’utilisation et d’assainissement de l’eau aux seuls particuliers consommateurs.

Les délégations de service public ont été instituées par l’État pour donner la gestion de l’eau à des compagnies privées. Les trois trusts de l’eau français, la Compagnie générale des eaux, aujourd’hui Veolia, la Lyonnaise des eaux, devenue Suez, et la Saur, se sont fait connaître par divers scandales de corruption. En 1995, le procès pour corruption du maire de Grenoble, accusé d’avoir financé sa campagne électorale grâce aux largesses de la Lyonnaise des eaux, l’avait conduit en prison. Mais les dirigeants de cette compagnie, qui avaient ainsi obtenu le marché de l’eau de la ville, en étaient sortis blancs comme neige. À l’étranger, la Lyonnaise n’a pas hésité à employer des méthodes autrement plus brutales pour s’imposer, menant par exemple une véritable guerre contre la population, avec l’aide de la police et de l’armée, pour tenter d’imposer son racket sur l’eau à La Paz, en Bolivie.

Après le rachat de l’activité environnement et eaux de Suez en 2021, Veolia est devenu le géant mondial de l’eau, avec un chiffre d’affaires de plus de 42 milliards d’euros. L’entreprise fait payer le prix fort aux collectivités pour le moindre travail d’entretien et elle fixe son prix de l’eau en fonction du rapport de force qu’elle impose.

Exproprier ces grands groupes, utiliser leurs profits gigantesques pour entretenir et réparer les réseaux défaillants, sous le contrôle direct de la population, serait un premier pas pour la sauvegarde d’une ressource indispensable à l’humanité.

Partager