Hôpital La Croix-Rousse – Lyon : des méthodes de managers19/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital La Croix-Rousse – Lyon : des méthodes de managers

Pour répondre à la pénurie de personnel, la direction des Hospices civils de Lyon cherche par tous les moyens à imposer les amplitudes horaires en douze heures, avec alternance jour-nuit. Cette organisation lui permet de réduire les effectifs et de simplifier sa gestion des ressources humaines.

Pour y parvenir, la direction utilise des méthodes dignes des entreprises du commerce ou de l’industrie. À l’hôpital de la Croix-Rousse, la direction locale a choisi le service des maladies infectieuses et tropicales, composé d’un personnel combatif mais épuisé par la charge de travail, pour passer à l’offensive. Elle comptait sur le fait qu’une partie du personnel souhaite, moins par réel choix que par dépit, passer en douze heures mais sans alternance jour-nuit.

En effet, avec des plannings en 7 h 50, les travailleurs paramédicaux ont l’impression d’être tous les jours au travail. Ils enchaînent par exemple quatre jours travaillés, un seul repos puis à nouveau quatre jours travaillés. Ils accumulent les heures supplémentaires non payées, parfois 1 h 30 à 2 heures par jour. Les trajets en voiture sont coûteux en raison de l’augmentation du prix de l’essence et les horaires décalés ne permettent pas de prendre les transports en commun. Entre ces conditions et celles induites par les douze heures, c’est le choix entre la peste et le choléra.

Pour faire passer un service en douze heures, la direction doit légalement obtenir 80 % des votes de l’ensemble du personnel. Pour l’obtenir, elle a alterné chantages et manœuvres. Elle a proposé des plannings de travail sur des trames de douze heures sans alternance jour-nuit. Elle a exclu du vote les hospitaliers en longs arrêts maladie et ceux qui envisagent de changer de service. À l’inverse, elle a fait voter des membres du personnel en cours de recrutement. Des cadres supérieurs ont menacé d’exclure du service ceux qui ne voteraient pas bien.

Malgré toutes les manœuvres, suite à une campagne des plus lucides dans le service, les 80 % n’ont pas été obtenus. C’était une victoire morale, même si le retour de flamme ne s’est pas fait attendre. La semaine suivante, la direction a annoncé qu’elle ouvrirait fin septembre deux services, un en douze heures et l’autre en 7 h 50, chacun devant se positionner avant le 31 juillet.

La direction espère diviser l’équipe pour s’asseoir sur le vote. Rien ne dit qu’elle y parviendra. Elle a surtout fait la démonstration qu’elle méprise le personnel, qu’elle n’envisage aucune embauche, ni amélioration des conditions de travail, ni hausse des salaires ou titularisation rapide des précaires. Elle rend moins crédible que jamais ses plaintes sur ses difficultés à recruter. Avec ce passage en douze heures, elle vise à réduire encore les effectifs, à rentabiliser les lits ouverts au détriment des conditions de vie et de santé des hospitaliers et sur les besoins en soins de la population. L’empêcher de nuire sera salutaire pour tout le monde.

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