Tour de France : une épreuve pour les uns, une aubaine pour d’autres12/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/P12-1_Tour_de_France_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C58%2C603%2C397_crop_detail.jpg

Leur société

Tour de France : une épreuve pour les uns, une aubaine pour d’autres

Depuis le 1er juillet, des millions de spectateurs suivent les pérégrinations des 176 coureurs du Tour de France. Qui, du Slovène Tadej Pogačar ou du danois Jonas Vingegaard l’emportera ? Et qui s’imposera dans les Alpes ? Les médias entretiennent le spectacle.

Illustration - une épreuve pour les uns,  une aubaine pour d’autres

Les considérations sportives et les coups de projecteur sur tel village ou telle région s’entremêlent pour les téléspectateurs. Mais, pour d’autres, le Tour de France est surtout une bonne affaire. Il y a d’abord l’entreprise propriétaire du Tour, ASO. Pour cette filiale du groupe Amaury, qui possède le journal L’Équipe et organise d’autres épreuves sportives, le Tour est une machine à cash.

Cette compétition a la particularité de ne pas faire payer les spectateurs, alors elle se rattrape autrement. ASO fait d’abord contribuer les 40 villes étapes : 80 000 euros pour un départ, 120 000 euros pour une arrivée. Pour accueillir les trois premières étapes, le Pays basque espagnol a ainsi prévu 12 millions d’euros.

Il y a ensuite les droits de diffusion télé, le Tour étant diffusé dans 190 pays et, paraît-il, regardé par 3,5 milliards de téléspectateurs, ce qui en fait le troisième événement sportif au monde, après les JO et le Mondial de football. En France seulement, France Télévisions paye 25 millions d’euros.

Il y a enfin les sponsors de la course, les « partenaires » (LCL, Leclerc, Skoda, Continental, Krys…), les « fournisseurs » (Cochonou, FDJ, Lesieur…) et autres « supporters » (Total, Haribo...), qui paient jusqu’à 10 millions d’euros pour leur page de publicité. Enfin, 22 équipes cyclistes (Ineos, Cofidis, AG2R La Mondiale, etc.) paient un droit d’entrée léonin et acquittent différents coûts.

Quant aux cyclistes, qui fournissent les efforts indispensables à toute cette machinerie, c’est autre chose. Certes, ils courent après la réussite sportive et la notoriété, et quelques-uns les trouveront. Mais, côté argent, leur part du gâteau est minime. Un vainqueur d’étape empoche 11 000 euros, et le 20e au classement général, qui n’aura pas démérité tout au long des 3 400 km de course parcourus à plus de 40 km/h de moyenne, recevra une prime de… 1 000 petits euros. Même les 500 000 euros emportés par le vainqueur restent peu de chose en regard du chiffre d’affaires du Tour.

Et puis les « forçats de la route », ainsi que les appelait Albert Londres en 1924, vont au bout de la souffrance ; comme le dit le coureur Jasper Philipsen, le Tour est « presque comme un suicide du corps », sans parler des méfaits du dopage. En outre, la recherche de la performance impose que les coureurs roulent groupés, ce qui cause souvent des chutes collectives. Les descentes sont devenues de véritables enjeux, où il faut grappiller quelques secondes au prix de risques insensés. Lors du Tour de Suisse, le 15 juin dernier, un coureur de 26 ans, Gino Mäder, est ainsi décédé après avoir chuté dans une descente à près de 100 km/h.

Le Tour de France est, dans une version sportive, télégénique, voire spectaculaire, un concentré de capitalisme.

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