Serbie : manifestations contre les violences12/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/Serbie.png.420x236_q85_box-0%2C40%2C800%2C489_crop_detail.png

Dans le monde

Serbie : manifestations contre les violences

Pour la dixième fois depuis les deux tueries de masse de début mai, des manifestants ont protesté dans plusieurs villes de Serbie contre la violence.

Illustration - manifestations contre les violences

Les 3 et 5 mai, deux adolescents ont ouvert le feu, sur une école pour l’un et dans trois villages pour l’autre. Ces deux événements ayant causé 18 morts, dont de nombreux enfants, ont profondément touché la population, qui a rapidement transformé la marche de soutien aux familles des victimes en cri de colère contre le gouvernement. Les manifestants critiquaient l’apologie de la violence faite dans les médias ainsi que la corruption, la présence de criminels de guerre ou mafieux autour du président Alexander Vucic. Ils réclamaient notamment la démission du ministre de l’Intérieur, l’interdiction des journaux progouvernementaux et la révocation de la licence de chaînes de télévision accusées d’inciter à la violence.

Ainsi, dans une émission de téléréalité, un ancien détenu a pu étrangler une femme sur le plateau jusqu’à ce qu’elle perde conscience, sans que personne ne bouge.

Pour l’instant, tout en dénonçant le mouvement comme manipulé par l’opposition, le président a annoncé un plan de désarmement, probablement illusoire. Quatre millions d’armes illégales circulent depuis 1990, date de l’éclatement de la Yougoslavie, dont faisait partie la Serbie. Ces démonstrations de la population inquiètent le pouvoir, car elles ont lieu dans un contexte de montée des tensions avec le Kosovo, issu comme la Serbie de la dislocation de la Yougoslavie.

Au début des années 1990, les cliques dirigeantes des républiques yougoslaves troquèrent le socialisme de façade du régime titiste pour des politiques ouvertement nationalistes. La Slovénie prit son indépendance, suivie de la Croatie, puis de la Bosnie-Herzégovine où trois-quatre ans de guerre et d’une politique dite d’épuration ethnique se traduisirent par de gigantesques massacres et déplacements forcés de populations, qui vivaient jusqu’alors entremêlées. Les grandes puissances occidentales appuyèrent tel ou tel camp en fonction de leurs intérêts. Lors de la guerre de la Serbie contre les indépendantistes kosovars, en 1998-1999, l’OTAN bombarda même Belgrade, puis parraina la création d’un État kosovar séparé de la Serbie.

Dernièrement, des heurts ont eu lieu dans le nord du Kosovo, très largement peuplé de Serbes, quand la présidence kosovare a voulu y imposer des maires albanophones à l’issue d’élections que la population locale avait boycottées.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les puissances impérialistes voudraient éviter que le conflit dégénère et tentent de calmer les tensions par le biais de sanctions contre la Serbie, qui soutient la Russie, et par des menaces de suspension des aides indispensables au Kosovo.

La guerre des années 1992-2001 a mis fin à une période de vie commune et a donné le pouvoir aux courants les plus réactionnaires. Depuis, la corruption, l’autoritarisme et la violence des gouvernements se renforcent, augmentant l’exploitation des ouvriers et la pauvreté d’une grande partie de la population.

Les manifestations en Serbie montrent qu’une partie de la population ne supporte plus cette situation. Le nationalisme, utilisé comme exutoire par le pouvoir, passe peut-être de moins en moins.

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