RATP : un “sac à dos social” rempli de pierres12/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/P10-3_Dans_une_manifestation_en_2019_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP : un “sac à dos social” rempli de pierres

Valérie Pécresse, dans un article du journal Les Echos intitulé « Valérie Pécresse lâche du lest pour éviter une réforme chaotique des bus parisiens », cherche à rassurer le patronat.

Illustration - un “sac à dos social” rempli de pierres

Cette réforme, qui devait être achevée début 2025, vise à mettre en concurrence pour l’attribution des lignes de bus de la région les grands transporteurs, dont les principaux sont des entreprises liées à l’État, la RATP, Keolis, filiale de la SNCF, et Transdev, filiale de la caisse des dépôts et consignations. Le choix de l’État, de la région et du patronat du secteur est d’étaler de mi-2025 à fin 2026 cette privatisation des treize lots représentant les dépôts de bus de la RATP (soit 19 000 travailleurs).

Cette mise en concurrence inquiète depuis des années les travailleurs de ces entreprises. Mais, par ailleurs, tous ceux pour qui la prochaine Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques de l’été 2024 sont des événements de promotion commerciale à réussir s’inquiètent de la possibilité de grèves. Cela invite à la prudence leurs serviteurs politiques, qui craignent les réactions des travailleurs des transports.

Sous prétexte d’être compétitifs pour récupérer les lots en jeu, les transporteurs n’ont eu de cesse partout d’augmenter l’exploitation et de dégrader les conditions de travail. À la RATP, avec la complicité de deux organisations syndicales de l’entreprise, FO et l’UNSA, la direction a arraché en début d’année une augmentation du temps de travail des machinistes de 50 minutes en moyenne. En échange, ils toucheraient 290 euros net de plus par mois, sans que les embauchés depuis janvier 2023 soient concernés. Les services en deux parties, comme par exemple de 5 heures 30 à 9 heures puis de 12 heures à 16 heures, sont de plus en plus nombreux. La cerise amère sur le gâteau est la suppression de six jours de repos, étalée sur 2023 et 2024.

Chez Keolis et Transdev, tout cela a entraîné comme à la RATP un nombre important de démissions et une désorganisation du transport.

Pour calmer la situation, Valérie Pécresse évoque un « sac à dos social », avec certains aspects de la couverture santé RATP qui seraient préservés. En revanche, elle reste floue quant au maintien de la rémunération et des calculs de la retraite. Et en plus, elle voudrait que les machinistes continuent d’accepter l’amplitude journalière maximale de 13 heures pour les services en deux fois, alors qu’elle avait été ramenée à 11 heures maximum.

En tout cas, Pécresse et ses amis ont bien raison de s’inquiéter. Les agents de la RATP n’ont toujours pas digéré l’augmentation de leur exploitation. Ils n’ont aucune raison d’attendre les Jeux olympiques de juillet 2024 pour se mobiliser.

Partager