Nos lecteurs écrivent La vie d’une cité05/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/P6-3_Courrier_lecteurs_stylo_Lupo_CMJN_Ok.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent La vie d’une cité

Illustration - Nos lecteurs écrivent La vie d’une cité

À Saint-Fons, le bureau de poste n’a plus de facteurs, car ils sont basés à Lyon. L’un des principaux organismes de HLM locaux a aussi fermé son antenne, et les locataires doivent se déplacer à Vénissieux. Il y a eu beaucoup d’emplois supprimés : Bosch, Carbone Savoie, Renault ­Trucks... Saint-Fons est devenue la deuxième ville la plus pauvre de la Métropole de Lyon.

La débrouille est devenue la règle, l’économie souterraine est omniprésente. Pas seulement la drogue, mais aussi les cigarettes et toutes sortes d’autres choses, comme la revente de produits en promotion dans les supermarchés. Il y a eu des batailles de clients chez LIDL pour mettre la main sur des quantités d’huile ou de Nutella lors d’opérations de promotion.

Des mères de famille confectionnent et vendent de gros gâteaux décorés pour avoir un petit complément de revenus, comptant sur le bouche-à-oreille ou Internet. Les habitants des pavillons qui ont une petite piscine la louent, trois fois dans la journée. De plus en plus de gens élèvent des poules mais, du fait de la pollution aux perfluorés à cause de l’usine chimique de Pierre-Bénite, il est déconseillé de les consommer, ainsi que leurs œufs (je doute que l’interdiction soit respectée ou même simplement connue). L’épicerie solidaire permet à des gens presque sans le sou de se nourrir, mais parfois ils comptent les centimes et doivent choisir entre la bouteille d’huile ou la bouteille de lait, et rien d’autre.

Les mortiers d’artifice, on s’y habitue, il y en a quasiment tous les soirs pendant les beaux jours et cela dure des mois. On s’habitue aussi aux odeurs de l’usine de chimie, de la raffinerie ou des deux stations d’épuration, au bruit des alarmes qui se déclenchent toutes les nuits dans des locaux d’activité déserts, à une voiture qui brûle de temps en temps (pas si souvent, en temps normal).

Malgré les efforts de la mairie et un tissu associatif solide, cela ne change rien à l’absence de perspectives autres qu’un petit boulot mal payé et mal considéré de temps en temps.

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