Nanterre : explosion de colère05/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/Une1_MArche_blanche_Nanterre_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C173%2C450%2C427_crop_detail.jpg

Leur société

Nanterre : explosion de colère

Dès la publication de la vidéo qui montrait clairement l’exécution délibérée par le policier du jeune Nahel, mardi 27 juin, la colère a explosé à Nanterre.

Illustration - explosion de colère

Particulièrement dans la cité Pablo Picasso et au Vieux-pont, les deux quartiers où ont vécu le jeune adolescent et sa mère. Des barricades de poubelles ont été édifiées, des véhicules incendiés et les affrontements des jeunes, certains n’ayant que 13-14 ans, avec les forces de police se sont déroulés une bonne partie de la nuit.

Ce qu’ont ressenti les jeunes après la mort de ­Nahel, tous le ressentent : la colère face à l’injustice de vivre, eux et leurs parents, dans un quartier où se délitent transport, logement et éducation. La colère face à ce racisme endémique des forces de répression qui les vise systématiquement, mais aussi les discriminations à l’emploi, à la formation et le dégoût de ces journalistes qui ne viennent dans leur quartier que pour faire des reportages d’« émeutes », gloser sur les parents prétendument démissionnaires dans un quartier qui compte 60 % de familles monoparentales.

Cette colère s’est exprimée aussi le lendemain jeudi 29, lors de la marche blanche qui s’est rapidement transformée en marche de la colère. Plus de 6 000 personnes, dont de nombreux jeunes venus de différents quartiers, mais également d’autres villes, ont défilé du quartier Picasso jusqu’à la préfecture. Des pancartes, des slogans pour crier leur révolte : « Justice pour Nahel ! », « Pas de justice, pas de paix », « Police partout, justice nulle part », « Combien de Nahel n’ont pas été filmés ? », « Peine de mort abolie mais on craint toujours pour nos vies ! »

Arrivé à la préfecture, des affrontements violents ont éclaté. La police a tiré de nombreuses grenades lacrymogènes. Des habitants, effrayés, ont souvent passé une partie de la nuit à entendre le bruit des mortiers d’artifice et des grenades. Certains ont essayé de parlementer avec les jeunes. Face à des jeunes qui s’étaient emparés de bouteilles de gaz et voulaient les faire exploser, un chibani (vieux, en arabe) les a interpellés pour les arrêter. Une maman s’est adressée à d’autres en expliquant que, s’ils mettaient le feu dans la cage d’escalier, c’était la mort assurée pour son mari mal-voyant. Dans un autre quartier, des voisins se sont interposés pour empêcher un jeune de 12 ans de se faire lyncher après avoir allumé le feu dans les poubelles en bas de chez lui. Les pompiers, qui refusaient d’intervenir sans escorte policière, ont été accompagnés par les habitants pour éteindre un feu. Dans une autre cité du quartier Picasso, les habitants se sont relayés toute la nuit en bas des tours pour éviter que certains jeunes rentrent et mettent le feu.

Certains habitants disent comprendre la colère des jeunes mais d’autres, voire les mêmes, expriment leur incompréhension face à ce déchaînement de violence.

Face à tout cela, le maire de Nanterre ainsi que les représentants des autorités demandent le retour au calme, l’apaisement, expliquent qu’il faut faire confiance à la justice. Là aussi, les habitants sont partagés. Certains sentent que le retour au calme signifie arrêter de se révolter, d’autres ne voient pas d’issue à cette violence qui se retourne contre les habitants eux-mêmes.

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