Israël-Palestine : terrorisme d’État à Jénine05/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/P9-1_Haifa_en-juin_preparation_dune_manifestation_anti-Netanyahou_il-y-a-une-alterative_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : terrorisme d’État à Jénine

La dernière offensive militaire israélienne contre le camp palestinien situé dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, a fait douze morts et une centaine de blessés, parfois très graves. En menant l’escalade militaire, le gouvernement de Netanyahou et de ses alliés d’extrême droite tente de faire diversion face au large mécontentement exprimé par la population israélienne.

Illustration - terrorisme d’État à Jénine

Le 3 juillet, le gouvernement israélien a lancé contre la population du camp palestinien de Jénine une opération militaire de grande ampleur, « la plus importante depuis vingt ans en Cisjordanie », a-t-il déclaré. Sous prétexte de neutraliser des groupes armés palestiniens qualifiés de terroristes, bombardements, blindés et soldats ont semé la terreur, rasant des rues et des maisons au bulldozer. Plusieurs milliers d’habitants ont pris la fuite.

Le camp de Jénine, qui compte 18 000 habitants sur les 50 000 de la ville, a une fois encore été victime de la fuite en avant répressive du pouvoir israélien et, plus précisément, de la situation précaire du Premier ministre Netanyahou, talonné par ses alliés d’extrême droite au gouvernement.

Bien qu’il ait annoncé le 29 juin, fût-ce du bout des lèvres dans une interview à un journal américain, qu’il abandonnait un point essentiel de son impopulaire réforme judiciaire, Netanyahou a eu à affronter la poursuite des manifestations : foules rassemblées le samedi 1er juillet, ainsi que menaces de blocage de l’aéroport Ben Gourion au moment des départs en vacances. En effet, si le Premier ministre renonce à introduire la possibilité pour le Parlement d’annuler par un simple vote une décision ou un jugement de la Cour suprême, il ne cède pas sur son souhait de voir l’exécutif nommer les juges à la Cour. Il reste clairement crucial pour lui de se protéger dans les multiples procès pour corruption en cours à son encontre.

Mais la concession faite par Netanyahou aux manifestants a provoqué la fureur de ses alliés d’extrême droite, pour qui la réforme judiciaire rejetée par de nombreux manifestants était une des conditions de l’alliance gouvernementale. Le parti religieux ultraorthodoxe pourrait craindre la remise en cause des importantes subventions dont bénéficient les écoles des ultraorthodoxes, ou celle de leur exemption de service militaire. Quant à l’impunité des exactions des colons, militants racistes dans les avant-postes que sont les nouvelles implantations dans les territoires occupés, les ministres d’extrême droite Ben Gvir et Smotrich tiennent à pouvoir la garantir, sans que des juges cherchent à s’en mêler.

Ce nouvel épisode sanglant de la guerre menée depuis trois quarts de siècle aux Palestiniens sur leur propre terre ne suffira sans doute pas à faire retrouver au Premier ministre un soutien populaire. Il approfondira encore l’impasse dans laquelle les gouvernants d’Israël ont plongé leur population, avec le soutien actif des grandes puissances occidentales, Washington reconnaissant cette fois encore au gouvernement israélien « le droit à défendre sa population ».

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