Intelligence artificielle : les forçats du clavier05/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Intelligence artificielle : les forçats du clavier

Déclarations et débats sont nombreux sur la nécessité de contrôler, au nom de l’éthique et de la protection des libertés individuelles, le développement de l’Intelligence artificielle.

L’IA n’est pourtant pas si artificielle que cela puis qu'il faut, pour la mettre en action, les nombreuses « petites mains » de ceux qu'il serait plus juste d’appeler les forçats de l’Intelligence artificielle.

En effet, pour permettre de jongler avec les données compilées dans ce qu’on appelle l’Intelligence artificielle, le préalable est de saisir par informatique des milliards de données parcellaires existant partout dans le monde et dans tous les domaines, jusqu’aux plus petites informations. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cela n’a rien d’automatique et nécessite un travail harassant de la part de millions d’hommes et de femmes qui, pendant des heures, saisissent ces données sur leurs ordinateurs, avant de les transmettre aux centres installés à cet effet par les géants de l’informatique. C’est un travail dur, ingrat et particulièrement mal payé.

Dans les faits, ces prolétaires sont payés à la tâche, selon le nombre de données qu’ils doivent enregistrer une à une pour une paye misérable. Leur nombre est en réalité impossible à comptabiliser, le système étant dispersé à l'infini par la sous-traitance. Aux seuls États-Unis, on estime que 350 000 salariés totalement précaires seraient employés à cette tâche. Mais des centaines de milliers voire des millions d’autres salariés sont répartis partout dans le monde, en Asie, en Afrique.

Ce travail est déjà très mal payé aux Etats-Unis, où il faut accumuler un très grand nombre d’heures pour espérer avoir une toute petite paye ; mais la situation est mille fois pire dans les pays pauvres où il a été réparti. Cette industrie de pointe repose sur des galériens invisibles sans lesquels rien ne pourrait se faire.

Les galères n’avançaient pas toutes seules, l’Intelligence artificielle du 21e siècle non plus.

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