Drogue à Marseille : le fléau et le démagogue05/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Drogue à Marseille : le fléau et le démagogue

Macron, en tournée promotionnelle à Marseille, ne pouvait pas éviter la question de la drogue. Dans cette ville où la guerre des gangs a déjà fait 23 victimes cette année, le trafic est une véritable plaie pour les habitants des quartiers populaires.

Les familles y redoutent de voir leurs enfants embarqués dans une bande ou victimes d’une balle perdue.

Les solutions de Macron sont connues : davantage de policiers et d’amendes, des conseils gratuits et l’appel à une prétendue responsabilité collective. Si l’arrivée de la police disperse les dealers et les guetteurs, son départ les ramène immédiatement, le problème n’étant que provisoirement déplacé. En outre, lors de ses descentes, la police s’en prend souvent indistinctement à tous les passants, méprisant et brutalisant les plus jeunes, multipliant les bavures qui vont du passage à tabac aux violences mortelles. Exiger, comme le propose Macron, le paiement immédiat en liquide ou en carte d’une amende forfaitaire de 200 euros pour consommation de cannabis aura l’effet habituel des rodomontades administratives : retomber sur les plus démunis socialement, amuser trafiquants petits et grands, hérisser les fonctionnaires chargés d’appliquer cette mesure, sans aucun résultat quant à la consommation.

Le président a évidemment dit qu’il fallait protéger les plus jeunes et qu’on allait les prévenir dès l’école des dangers de la drogue et du trafic. Comme si parents, enseignants, éducateurs, militants associatifs et tout ce que la société compte d’adultes un tant soit peu responsables et crédibles ne le faisaient pas déjà. Enfin, l’ancien banquier a affirmé que, s’il y a une offre de drogue, c’est qu’il y a une demande et précisé qu’elle venait des beaux quartiers, où l’on ferait l’apologie du cannabis récréatif. Et d’en appeler à la responsabilité collective, expliquant une fois de plus les problèmes sociaux par la paresse des classes populaires, qui fournissent les dealers, et la perversité des intellectuels de gauche, qui seraient les consommateurs de drogue et ses propagandistes.

C’est cacher l’essentiel, en plus d’être ridicule. La consommation de drogue est depuis longtemps un phénomène massif dans l’ensemble de la société et, avant tout, dans les classes populaires, comme l’était et le reste la consommation d’alcool. Il y a encore à ce jour beaucoup plus de décès, crimes, victimes en tout genre de l’alcoolisme que de la consommation et du trafic de cannabis. La différence est que le trafic de drogue est illégal, alors que l’industrie de l’alcool est un des fleurons de l’économie nationale, tenu en main par quelques familles bourgeoises influentes.

L’État décidera peut-être un jour, à l’exemple de nombreux pays, de légaliser le cannabis. Cela, au moins, ruinerait les dealers de quartiers, mettrait fin à leurs fusillades et leur arrogance et soulagerait un peu la vie des cités populaires. Mais cela déplacerait sûrement le trafic vers d’autres produits et surtout ne réglerait aucunement la question de fond : comment vivre dans un monde qui n’a que des paradis artificiels à proposer à des dizaines de millions d’opprimés ?

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