Après la mort de Nahel : responsables et démagogues accusent les familles05/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après la mort de Nahel : responsables et démagogues accusent les familles

« Que les parents tiennent leurs gosses », a déclaré samedi 1er juillet le ministre de la Justice, Dupond-Moretti. Macron a surenchéri, lundi 3 juillet, en déclarant qu’il faudrait « sanctionner financièrement et facilement les familles, une sorte de tarif minimum dès la première connerie ».

Le mépris de classe des politiciens de la bourgeoisie transpire dans ces mots. Ce serviteur des classes riches reproche aux parents de ne pas réussir à apprendre à leurs enfants la soumission à une société faite d’injustices. Ceux qui se relaient sur les ondes pour montrer du doigt les parents voudraient que des mères de famille obligées de travailler en horaires décalés, payées au lance-pierres et méprisées par leurs employeurs empêchent leurs enfants en colère de casser ce qui leur tombe sous la main. Bien sûr, leur révolte est autodestructrice et ne mène qu’à une impasse, mais c’est une réaction contre la vie qui leur est offerte dans cette société bourgeoise, faite de soumission, de misère et d’étouffement moral.

De cela, les plus grands responsables sont les dirigeants de cette société et les profiteurs de ce système. Ils parlent des trafiquants en tout genre qui pourrissent la vie des quartiers. Mais qui cultive l’argent facile, celui de la spéculation, des rentes financières, si ce n’est les plus riches ? Qui étale le luxe avec le plus grand sans-gêne, si ce n’est eux ?

Les porte-parole gouvernementaux reprochent aux parents de ne pas savoir éduquer leurs enfants. Mais qui réduit en permanence les budgets de l’Éducation nationale et de la Santé, pour pouvoir grossir les cadeaux aux capitalistes ? Tous les ans, des enseignants et des parents d’élèves se battent contre des suppressions de classes et de postes. Il n’y a jamais eu aussi peu de professeurs remplaçants, ce qui fait que les élèves se retrouvent de plus en plus souvent sans cours.

Et puis quels débouchés cette école de la république offre-t-elle à la jeunesse populaire ? Au-delà de la culture qui rend libre, en particulier de chercher la voie d’une révolte utile et non stérile, elle débouche la plupart du temps sur le chômage ou la précarité.

Alors oui, cette société est pourrie jusqu’à la moelle. Elle repose sur des injustices faramineuses. Pendant que des familles entières réduisent leurs dépenses alimentaires, un Jeff Bezos peut se payer un voyage dans l’espace parce qu’il ne sait que faire de ses richesses. Elle ne sait mettre en avant que l’individualisme, le goût de la domination, le mépris des opprimés.

C’est tout cela qui est à la base de la rage aveugle et autodestructrice qui s’exprime dans ces émeutes. Le capitalisme en prolongeant son règne pourrit tout sur son passage, jusqu’à la conscience de ceux qui se révoltent.

Partager