Aésio mutuelle : à l’heure des licenciements05/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aésio mutuelle : à l’heure des licenciements

En janvier 2023, Aésio mutuelle annonçait un plan de redressement de ses comptes pour 2025, en clair : la réduction du personnel et des frais fixes liés au nombre de sites ainsi que la volonté de se tourner vers d’autres activités telles que l’épargne ou l’assurance-vie.

Il y a quelques semaines, le plan dit Élan 2025 a été dévoilé, qui comporte 387 licenciements, 444 mutations et la fermeture de 32 sites. La direction prévoit de piloter « ce projet de façon responsable en cohérence avec nos valeurs mutualistes ». Autant dire que les salariés ne l’ont pas entendu de cette oreille. Les mutations se font d’un bout à l’autre du pays. Ainsi les salariés de Saint-Quentin dans l’Aisne ont débrayé récemment contre le licenciement ou la mutation forcée à Arras ou Grenoble de 48 d’entre eux. L’entreprise leur propose du télétravail, avec entre deux et quatre jours par mois sur place. Outre que cette forme de travail n’est pas appréciée par certains salariés, les coûts de déplacement et d’hébergement seraient en grande partie à leurs frais. Avec des salaires plutôt bas, chacun se demande comment il va faire et interprète ce choix de la direction comme des licenciements déguisés. De plus, 200 travailleurs en contrat précaire ne seront pas reconduits. Cette décision intervient alors que les salariés ont du mal à faire le travail pour les assurés, parce qu’ils sont le plus souvent en sous-effectifs.

Parallèlement, la fédération regroupant la majorité des mutuelles françaises de complémentaire santé et de prévoyance a annoncé en février un plan de licenciement de 84 personnes, soit un peu plus d’un quart du personnel.

Depuis 2001, le nombre de mutuelles a été divisé par cinq. Aésio mutuelle est issue par exemple de la fusion de trois d’entre elles. Ces organismes sont en train de se transformer en mastodontes pour faire face à la concurrence des assurances, qui étendent leurs activités de complémentaire santé. Ainsi, en vingt ans, les assurances ont réussi à collecter 16 % de cotisations de plus. Les vingt plus grands organismes de complémentaire santé, sept mutuelles, dix sociétés d’assurance et trois institutions de prévoyance, concentrent plus de 50 % de la collecte de cotisations.

Souvent opaques pour leurs adhérents, les mutuelles échappent au moins un peu à la volonté de rentabilité des sociétés d’assurance. Mais, après des décisions gouvernementales comme les déremboursements, elles tendent à se transformer et il leur sera de plus en plus difficile de se différencier des compagnies d’assurance.

Les salariés n’ont pas de raisons d’accepter d’être les victimes collatérales de la guerre menée pour récupérer les plus de 39 milliards de cotisations concernés.

Partager