Macron à Marseille : les habitants sont-ils des cobayes ?28/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/une.jpg.445x577_q85_box-3%2C0%2C665%2C858_crop_detail.jpg

Leur société

Macron à Marseille : les habitants sont-ils des cobayes ?

Le président Macron, en visite à Marseille à partir du 26 juin, a connu des confrontations houleuses avec les habitants décrivant leurs graves difficultés, notamment la violence employée contre « ceux qui ont renoncé aux soins faute de moyens », mais aussi « ceux qui se privent de manger car ils ont peur de ne pas pouvoir payer leur loyer ».

Macron a aussi pu se montrer, entouré de ministres et de policiers en des lieux où les poubelles étaient vidées, les places et les rues propres comme jamais, les points de deal évacués et nettoyés. Marseille serait, dit-il, un grand laboratoire de lutte contre la pauvreté et l’insécurité qui règnent dans les quartiers. Aussi a-t-il surtout promis plus de policiers, plus de CRS, plus de places de prison. Mais, déjà en œuvre, la pratique du « pilonnage » des points de deal par les policiers n’a fait que les déplacer ailleurs. Depuis le début de l’année, 23 personnes ont été tuées dans le contexte du trafic de drogue omniprésent.

Les problèmes de fond demeurent, c’est-à-dire le manque d’emplois permettant de vivre avec un salaire correct, l’extrême pauvreté qui en découle, et le sous-équipement des quartiers populaires qui favorisent le trafic de drogue. Les écoles sont en mauvais état, pour la plupart bardées d’amiante. Les commerçants ont depuis longtemps fermé leur boutique, les médecins apparaissent comme une espèce en voie de disparition. Quant aux bureaux de La Poste, aux centres de la Sécurité sociale ou de la CAF, aux bureaux municipaux, ils ouvrent leurs portes de façon sporadique et sont de plus en plus rares et donc éloignés des habitants. Nul besoin d’un « laboratoire » pour le savoir, tout un chacun ici sait que la politique du gouvernement est de réduire encore plus la présence de ces services. C’est bien sa politique, dans la continuité de ses prédécesseurs, qui a multiplié les difficultés pour les habitants des quartiers les plus pauvres. Qui s’en prend aux allocataires du RSA et aux chômeurs si ce n’est ce gouvernement ? Sans même parler du nombre de travailleurs trop âgés pour trouver un emploi et trop jeunes, depuis la dernière réforme, pour voir arriver la retraite.

À Marseille, après l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne on a recensé 40 000 logements indignes. Mais les nombreux logements qui, dans le cadre d’un grand projet immobilier, poussent comme des champignons, ont des loyers trop coûteux pour la plupart des travailleurs et bien sûr pour ceux qui vivent d’allocations ou de pensions.

Enfin, et c’est un problème pour tous : les transports en commun insuffisants. Un parent ne pourra inscrire son enfant dans un lycée professionnel qu’à trois quart d’heure de bus et pas dans celui de son choix. Tout déplacement en ville est une expédition. Malgré des travaux en cours pour prolonger les lignes de tramways, les transports sont loin de répondre aux besoins de cette ville très étendue, sans même parler des liaisons avec les autres villes de la Métropole.

Mardi 27 juin, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un nouvel hôpital et la rénovation des CHU.

Mais avec quelles infirmières, aides-soignants, ASH, administratifs pourront-ils fonctionner quand actuellement tous sont déjà surchargés de travail ?

Enfin, à qui iront les millions promis par le Président pour améliorer cette situation ?

Une bonne partie finira inévitablement en rente pour les actionnaires des grandes entreprises sans que la population en bénéficie.

Partager