Explosion à Paris : le profit nuit à la sécurité28/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/une.jpg.445x577_q85_box-3%2C0%2C665%2C858_crop_detail.jpg

Leur société

Explosion à Paris : le profit nuit à la sécurité

L’hypothèse d’une fuite de gaz est privilégiée dans l’explosion, suivie d’un incendie, qui a ravagé le 21 juin un immeuble rue Saint-Jacques à Paris, entraînant un décès et 37 blessés, dont quatre graves.

La plupart des villes, dont Paris, confient l’exploitation du réseau de distribution du gaz à GRDF. Cette société est une filiale à 100 % d’Engie, née de la privatisation de Gaz de France lors de sa fusion avec le groupe Suez en 2008. Après l’explosion de la rue de Trévise, qui avait fait quatre morts, plus de 60 blessés, et de nombreuses personnes déplacées le 12 janvier 2019, un membre de la commission de contrôle du gaz avait mis en cause l’état du réseau parisien, datant du début du 20e siècle, devenu « le problème numéro un » pour les pompiers et « la hantise de tous les maires d’arrondissement ». Il proposait que soient cartographiées et rendues publiques des données, rue par rue, sur l’âge, la qualité et la sécurité du réseau, de façon transparente pour les 500 000 foyers parisiens qui y sont raccordés.

Quelques mois plus tard, une enquête d’Envoyé spécial diffusée sur France 2 mettait en lumière la responsabilité de GRDF, à travers sa politique de réduction des effectifs, la réorganisation des services, la remise en cause des formations conduisant notamment à ce que les services d’urgence ne soient plus en mesure de faire face. Une expertise a mis en cause la mairie de Paris. À sa demande, une nouvelle enquête a dû être faite et ses conclusions ne seront connues que le 30 juin, trois ans et demi après la catastrophe. Enfin, il faut rappeler que les sociétés d’assurance ont réussi à ce que la plupart des victimes ne soient pas encore indemnisées, malgré l’action des associations.

La seule chose qui a changé est le bénéfice d’Engie, en hausse de 62 % en 2022 par rapport à 2021. Les actionnaires se partagent 3,4 milliards d’euros de dividendes, une somme qui, non seulement pourrait permettre de faire baisser les factures, mais aussi d’embaucher le personnel nécessaire pour garantir la sécurité et renouveler les réseaux, à Paris et en province, de façon à éviter de nouveaux drames.

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