Anticor : privé du droit de contrôle28/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/une.jpg.445x577_q85_box-3%2C0%2C665%2C858_crop_detail.jpg

Leur société

Anticor : privé du droit de contrôle

Le tribunal administratif de Paris a annulé vendredi 23 juin l’agrément dont bénéficiait Anticor. Créée en 2002, cette association se donne pour objectif la « lutte contre la corruption et la promotion de l’éthique en politique »… Tout un programme dans une société dominée par le pouvoir de l’argent !

L’agrément permettait à Anticor de porter des affaires devant les tribunaux pour des faits de corruption ou de prises illégales d’intérêt. Parmi les affaires traitées, l’attribution du Mondial de foot au ­Qatar en 2022, ou encore les conditions de cession de la branche Énergie d’Alstom à General Electric. Le ministre de la Justice, Éric ­Dupond-Moretti, tout comme le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, sont visés par des procédures initiées par l’association. Anticor affirme que, rien que depuis 2017, l’entourage de Macron a été concerné par quatre condamnations, huit mises en examen et sept enquêtes sont encore en cours.

La décision du tribunal administratif empêche Anticor de porter devant la justice 159 dossiers actuellement en cours de constitution. Elle risque aussi de remettre en cause les précédents jugements, puisque l’arrêté est rétroactif depuis avril 2021. Cela devrait permettre à certains condamnés pour des faits de corruption de voir leur jugement purement et simplement annulé.

L’opposition, des Républicains à LFI, a poussé des cris indignés, affirmant que l’exécutif ne devrait pas être le seul à pouvoir attribuer de tels agréments. Mais ces partis n’ont pas été épargnés par des scandales de corruption, et quand eux ou leurs prédécesseurs étaient au pouvoir, on ne les a pas vus œuvrer beaucoup pour faciliter le contrôle et la transparence au sein de l’appareil d’État. Le monde des politiciens de profession s’entend bien à maintenir hors de contrôle de la population des institutions destinées à servir les intérêts d’une minorité de privilégiés, forcément très liée au monde des affaires. Le vrai contrôle, les travailleurs et la population devront l’exercer par en bas, agrément des autorités ou pas.

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