Pescanova – Boulogne-sur-Mer : le patron a dû reculer21/06/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/06/P14-2_pescanova_greve_2023_06_14_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pescanova – Boulogne-sur-Mer : le patron a dû reculer

Entreprise de cuisson et de conditionnement de crevettes, l’usine Pescanova de Boulogne-sur-Mer fait partie d’un groupe réunissant plus de 11 000 travailleurs dans le monde, qui fournit la grande distribution.

Illustration - le patron a dû reculer

À Boulogne, les travailleurs sont payés au smic. S’ils savent à quelle heure ils commencent (pour certains à 3 h 30 du matin), ils savent rarement à quelle heure ils terminent. Les journées peuvent s’allonger jusqu’à 10 h 30 de travail. En vingt ans, il n’y a jamais eu de grève dans cette usine d’une cinquantaine d’ouvriers.

Lors des dernières NAO (Négociations annuelles obligatoires), la direction a proposé 1 % d’augmentation de salaire. Des militantes de la CGT l’ont refusée, exprimant publiquement la colère partagée par tous. À partir du mardi 6 juin, des débrayages de 2 heures par jour ont été organisés, avec, à chaque fois, un rassemblement devant l’usine. Des camionneurs ou d’autres travailleurs de la zone industrielle klaxonnaient pour montrer leur soutien. Des panneaux ont été rédigés, demandant le respect. Dans ces débrayages, les travailleurs exigeaient 10 % d’augmentation. Au troisième débrayage, le jeudi 9 juin, la direction, la même qui refusait tout jusque-là, proposait 3,5 %, expliquant que c’était sa dernière proposition, et clôturait les NAO.

À partir du mercredi 14 juin, la majorité des travailleurs ont répondu par la grève. « La direction reste sourde, nous montons en puissance », expliquait une déléguée. Trois lignes sur quatre étaient à l’arrêt, la quatrième étant tenue par les intérimaires. Des clients comme Grand Frais n’ont pas pu être livrés. Sur le piquet de grève, les travailleurs étaient fiers d’être unis. Dès le lendemain, la DRH, dont le bureau est sur la Côte d’Azur, a dû prendre l’avion pour ouvrir une négociation. La direction a dû reculer, cédant 6 % d’augmentation de salaire et payant les heures de grève et de débrayage.

Face à ce mouvement de grève, inhabituel au sein de l’entreprise, la direction a utilisé les méthodes traditionnelles des patrons : le chantage à la fermeture, la concurrence avec l’autre usine de Lorient, la pression sur les intérimaires ou la venue d’huissiers. Les travailleurs de Pescanova lui ont répondu par leur détermination et par la grève et l’organisation, seul moyen de faire reculer les actionnaires.

Un exemple à suivre pour les milliers de travailleurs, notamment dans la zone industrielle de transformation de poisson de Capécure de Boulogne-sur-Mer !

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