Pénurie de médecins : le désert n’est pas près de reverdir14/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pénurie de médecins : le désert n’est pas près de reverdir

Comment repeupler les déserts médicaux ? Quiconque essaie de trouver un médecin traitant ou tente désespérément d’obtenir un rendez-vous avec un généraliste ou un spécialiste est convaincu de l’urgence de la question.

Le problème n’est pas nouveau. La population vieillit, le besoin de soins augmente et de plus, depuis les années 1970, le nombre d’étudiants en médecine a été limité par le fameux numerus clausus. La pénurie est devenue telle que depuis 2020, ce quota a été supprimé à l’échelle natio­nale même si chaque faculté reste libre de fixer son nombre d’étudiants. Mais il faut au moins dix ans pour former un médecin et il faudra donc attendre avant que cette mesure procure un éventuel effet.

Pour tenter de faire face, des propositions fleurissent régulièrement pour répartir les nouveaux médecins sur le territoire. Aides à l’installation, primes, locaux ont été proposés afin d’inciter les jeunes médecins à s’installer là où la pénurie est la plus sensible. Mais le désert a continué à s’étendre.

Alors certains évoquent aujourd’hui la possibilité de revenir sur la liberté d’installation en demandant aux médecins nouvellement diplômés de choisir, au moins pour un certain temps, les régions insuffisamment pourvues. Le gouvernement, Première ministre et ministre de la Santé en tête, s’affolent donc au nom de la défense d’une médecine libérale intouchable et voient là une atteinte intolérable à la liberté d’exercice.

Certes, pour bien des professions libérales, la règle est de s’installer là où l’on veut. Sauf que parmi toutes ces professions libérales, les médecins sont indispensables à toute la société. Pendant leur formation, les étudiants en médecine bénéficient d’ailleurs de l’hôpital public, de ses infrastructures, des professeurs payés par l’État. Une fois leurs connaissances acquises, il serait normal qu’ils les mettent à disposition de la collectivité en s’installant là où il manque le plus de médecins.

Le problème est que la solution proposée ne ferait que répartir la misère. Avant d’être une question de répartition du nombre de médecins sur le territoire, le problème est celui de leur nombre insuffisant, résultat d’une politique qui dure depuis l’instauration du numerus clausus. Déjà à l’époque l’objectif était de limiter le nombre de médecins à venir, afin de limiter les dépenses de santé, avec l’approbation de bon nombre de médecins qui y voyaient avec plaisir l’éloignement de la concurrence. Alors, quoi qu’il advienne de ces propositions, le désert n’est pas près de reverdir.

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