Nos lecteurs écrivent Cachez la poussière et les ouvriers…14/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent Cachez la poussière et les ouvriers…

Je travaille à MCA, à Maubeuge, une usine d’une filiale de Renault. La venue de Sénard, l’un des principaux dirigeants du groupe, mercredi 7 juin, m’a particulièrement choqué. Le fossé qui sépare ceux qui travaillent de ceux qui en profitent sautait à la figure.

Une semaine avant sa venue, tous les chefs et les cadres étaient dans tous leurs états. Tout devait être beau et propre pour son passage : les haies du parking ont été taillées, les passages piétons repeints, ainsi que les allées piétonnes à l’intérieur de l’usine mais... uniquement là où Sénard allait passer. Au niveau du showroom, d’immenses flocages sont apparus sur le prétendu avenir radieux de la technologie et de l’environnement made by Renault.

Le jour même, la sécurité était sens dessus dessous : aucun ouvrier non autorisé ne devait se trouver sur son passage. J’ai appris que des travailleurs sous-traitants, simplement en pause dans leur véhicule, ont dû aller se garer ailleurs. C’est sûr qu’en touchant 450 000 euros par an, il ne faudrait pas que sa vue soit troublée par des ouvriers !

Cette hypocrisie me choque d’autant plus qu’il y a de nombreux problèmes de sécurité et de vétusté dans les locaux. Rien que pour les toilettes, certaines sont d’un autre âge : sans cuvette pour s’asseoir et, comble du ridicule, avec une brosse attachée au tuyau par une chaîne.

Dans l’usine, sa venue a fait discuter. Tout le monde se rappelle la manifestation de 8 000 personnes contre les menaces de fermeture de MCA, où s’étaient retrouvés de nombreux salariés avec leur famille et amis. Dans la période à venir, il faudra de nouveau nous mobiliser, car ces PDG, et les actionnaires qu’ils représentent, nous mènent la guerre : ils veulent tirer de nous toujours plus de profit et à n’importe quel prix. Et même si Sénard s’est caché pour sa visite, nous savons que, sans nous, les travailleurs, ces gens-là ne sont rien.

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