Labos pharmaceutiques : Macron aux petits soins14/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Labos pharmaceutiques : Macron aux petits soins

Dans le cadre de sa campagne dite de réindustrialisation du pays, le 13 juin, Macron s’est fendu d’un déplacement en Ardèche, dans les locaux du laboratoire pharmaceutique Aguettant. Il s’agissait d’annoncer des mesures, c’est-à-dire des aides, visant à relocaliser en France la production de médicaments.

Bien des malades se sont heurtés ces derniers temps à des pénuries de paracétamol, d’antiépileptiques ou de l’antibiotique amoxicilline. La raison invoquée par les industriels de la pharmacie est que 70 à 90 % de ces médicaments, ou des molécules qui les composent, sont fabriqués en Inde ou en Chine et soumis à une grande demande internationale.

Cette délocalisation est un choix ancien des grands groupes pharmaceutiques occidentaux. Au fil des années, les Novartis, Sanofi, Merck et autres Roche ont sous-traité leur production de molécules de base à des producteurs indiens ou chinois. Soit parce que leurs brevets étaient tombés depuis longtemps dans le domaine public, soit parce qu’elles sont trop basiques, ces molécules chimiques ne leur rapportaient pas assez. Ils se sont donc concentrés sur des productions biotechnologiques bien plus rentables car vendues au prix de l’or.

Les ruptures d’approvisionnement de nombreux médicaments avaient commencé bien avant le Covid, des laboratoires cessant certaines productions en jugeant la marge trop faible. Mais l’arrêt momentané des usines et du commerce international a aggravé ces pénuries. Depuis, les dirigeants politiques occidentaux répètent qu’il faut « rebâtir une indépendance sanitaire » en relocalisant la production. Ainsi Macron a-t-il listé 450 médicaments vitaux, dont l’approvisionnement devrait être sécurisé et une cinquantaine devraient être produits en France. Pour y inciter les laboratoires, il va financer leurs investissements et promet de relever le prix de remboursement de certains médicaments peu chers. En pleine crise du Covid, le patron du richissime groupe Sanofi réclamait déjà un bonus sur le prix de chaque boite « made in France ».

En réalité, « l’indépendance sanitaire de la France » sert de prétexte à Macron pour arroser Aguettant, Sanofi, Servier et les autres. À la fin, ces laboratoires richissimes fabriqueront ce qu’ils voudront, où ils voudront, car ils produisent des profits avant de produire des médicaments. Quant à l’État, pas plus sous Macron que sous ses prédécesseurs, il ne défendra l’intérêt général. Il est là pour réaliser les investissements que les capitalistes privés ne veulent pas faire pour garantir l’accès aux principes actifs, pour subventionner la recherche et assurer des débouchés.

Pour garantir l’approvisionnement en médicaments de la population, c’est l’expropriation des grands laboratoires qu’il faut préparer.

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