Inflation : ceux qui en profitent… et ceux qui la payent23/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2851.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inflation : ceux qui en profitent… et ceux qui la payent

Christine Lagarde, la dirigeante de la Banque centrale européenne (BCE), a appelé au sujet de l’inflation à « un partage adéquat du fardeau ». Elle a même sous-entendu que les grandes entreprises avaient profité des hausses de prix pour augmenter leurs propres profits.

Christine Lagarde n’a cependant pas été touchée par la grâce. Il y a à peine quelques mois, en octobre 2022, elle continuait de dire que « l’inflation avait surgi de nulle part ». C’était donc une sorte d’immaculée inflation. Aujourd’hui, en avouant que les grands groupes en ont largement profité, elle ne fait que reconnaître ce que tout le monde a conclu depuis un moment et qui se répète même sur les plateaux des journaux télévisés.

D’abord, il y a eu les pétroliers, comme TotalEnergies, qui ont fait grimper les prix des carburants, du fioul, du gaz et de l’énergie en général. Puis, plus récemment, le bras de fer commercial entre les groupes de l’agroalimentaire et ceux de la grande distribution a rendu public le fait que les uns comme les autres ont profité de l’inflation pour accroître considérablement leurs profits. Enfin, les milliards de bénéfices réalisés en 2022 par toutes les grandes entreprises françaises ne sont pas venus « de nulle part », comme dirait Lagarde. Dans tous les secteurs, pas seulement dans l’énergie et l’alimentation, elles ont fait monter les prix : comme dans l’automobile, le transport maritime, le luxe…

Par contre, Lagarde a oublié de dire que les banques centrales, comme la BCE ou la Fed des États-Unis, ont elles aussi leur responsabilité dans l’inflation. Car la politique commerciale des trusts, cherchant à faire monter les prix, a encore été amplifiée par la spéculation, elle-même facilitée jusqu’à l’année dernière par les taux d’intérêt extrêmement bas fixés par ces institutions financières. L’argent quasi gratuit presque sans limite a été utilisé pour spéculer à grande échelle sur les matières premières, énergétiques ou autres.

Et si la banquière a été compréhensive avec les spéculateurs, elle exigera fermement que les États remboursent leurs dettes en faisant payer leurs populations. Lors de la même conférence de presse où elle a joué, cinq minutes, à la dame patronnesse contrariée par trop d’injustice, elle a appelé les États de la zone euro à réduire rapidement les aides publiques sur l’énergie, dont selon elle les prix baissent.

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