Marchands de canons : en défense des profits22/02/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/02/P16-1_Ventes_darmes_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C122%2C634%2C478_crop_detail.jpg

Leur société

Marchands de canons : en défense des profits

Au moment même où Macron augmentait de cent milliards le budget militaire des prochaines années, la Cour des comptes publiait un rapport sur l’aide de l’État aux exportations d’armement.

Illustration - en défense des profits

On y découvre sans surprise un appareil d’État aux petits soins pour les ­marchands de canons. Son action est tellement constante et multiforme que la Cour des comptes avoue ne pas pouvoir en estimer le coût global. Elle donne toutefois quelques indications.

Neuf cents fonctionnaires, du technicien au ministre, travailleraient ainsi à plein temps à préparer et finaliser les exportations d’armes. Chaque voyage présidentiel, chaque tournée diplomatique comporte bien sûr une partie vente d’armes. Les militaires seraient entièrement à la disposition de Dassault, ­Naval Group, Airbus etc., pour faire des démonstrations, former les utilisateurs, assurer le service après-vente, voire fournir leurs propres équipements à des clients pressés. Tel le pélican nourrissant ses petits de sa propre chair, l’armée française régurgite ses Rafale ou ses frégates si les profits de Dassault l’exigent.

Le rapport ne parvient pas à démêler un complexe réseau de subventions et suppose que l’État n’y arrive pas non plus. Il note toutefois que les entreprises rechignent, sous des prétextes divers, ou même sans prétexte, à rembourser les avances qu’elles ont reçues en provenance des fonds publics.

Enfin la Cour des comptes conclut que tout cela est bel et bon. En effet, écrit-elle, si la France veut se doter d’une armée puissante, équipée correctement avec son propre matériel, elle doit avoir une industrie militaire compétitive, donc rentable. Cela ne peut se faire qu’en produisant en quantité suffisante et donc en exportant. Finalement, en subventionnant les industries militaires, et donc en remplissant les coffres de leurs actionnaires, l’État ferait œuvre civique, offrant à la mère patrie les moyens de se défendre.

Le raisonnement est imparable, quoique, par pudeur peut-être, la Cour des comptes ne le pousse pas jusqu’au bout : l’État ferait, et dans une certaine mesure fait déjà, preuve d’un civisme encore plus évident en participant à une guerre. Quelle meilleure façon en effet de remplir les coffres des industriels de l’armement ?

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