Psychiatrie : à l’abandon30/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Psychiatrie : à l’abandon

Des syndicats de psychiatres hospitaliers ont organisé une journée de grève, le 29 novembre, pour dénoncer l’abandon de la psychiatrie hospitalière par le gouvernement.

L’ensemble du système hospitalier, dans toutes les spécialités, connaît cette dégradation, qui s’aggrave d’année en année. Les psychiatres mobilisés alertent sur leurs hôpitaux qui « se caractérisent au quotidien par le manque criant de lits d’hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-psychologiques (CMP) ». En effet la pénurie de soignants touche cinq hôpitaux sur six. Ce qui ne peut que s’aggraver : alors que les conditions de travail n’attirent pas, compte tenu des salaires trop faibles, des médecins et infirmiers quittent leur poste, écœurés de voir que le ministère de la Santé ne fait rien pour enrayer la dégradation.

Les autorités se sont contentées d’organiser des Assises de la psychiatrie en septembre 2021, pour avoir l’air de tenir compte des cris d’alarme venant des hôpitaux, dont il n’est rien ressorti de nature à conjurer la crise. Le ministre actuel, Braun, promet à présent un bilan de ces assises, histoire de faire croire qu’il en sortira un jour une quelconque solution. C’est se moquer du monde.

La crise de la psychiatrie hospitalière a des conséquences dramatiques. Selon un psychiatre, faute d’accueil, « rien qu’en Île-de-France, 60 000 à 70 000 personnes, dont au moins 60 % sont des malades mentaux, errent en dehors de toute institution et de tout domicile ». La pédopsychiatrie voit ses moyens extrêmement réduits, sous prétexte de soigner les enfants et adolescents hors des hôpitaux et de les inclure dans le système scolaire. En réalité, il faut des mois aux parents pour obtenir un premier rendez-vous dans un CMP, y compris lorsque leur enfant manifeste des tendances suicidaires. L’école aussi manque de travailleurs pour accompagner au quotidien des élèves qui ne peuvent y trouver leur place seuls. En fait d’inclusion, l’État organise un abandon pur et simple des jeunes malades et de leurs familles, priées de se débrouiller seules.

Les prisons, où les besoins en soins psychiatriques sont immenses tant cette société enferme plutôt que de soigner, manquent de personnel formé, voire de locaux. Dans les hôpitaux aussi, il arrive malheureusement que la contention soit utilisée abusivement, car trop peu d’infirmiers et d’aides-soignants sont disponibles pour prévenir les crises de patients en souffrance ou pour les calmer par une attention de tous les instants.

Dans de nombreux services, les psychiatres ne sont pas assez nombreux pour assurer toutes les consultations nécessaires. Les traitements des patients sont ainsi parfois renouvelés automatiquement, même si leur état a changé. Les activités thérapeutiques, qui sont l’occasion de sorties en dehors de l’hôpital, sont réduites, faute de personnel d’accompagnement. Même pour les repas améliorés à l’occasion des fêtes et des anniversaires, les budgets sont insuffisants. Le linge de corps est parfois manquant.

Le gouvernement le montre clairement : à part des parlottes, il n’accordera rien aux services les plus indispensables à la population, l’argent public continuant à se déverser sur les grandes entreprises. Pour inverser cette logique, ce sont les luttes de l’ensemble des hospitaliers et des travailleurs de la santé qui compteront.

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