Vinci au Qatar : un esclavagiste d’aujourd’hui09/11/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/11/P12-1_Coupe_du_monde_Qatar_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C155%2C515%2C445_crop_detail.jpg

Leur société

Vinci au Qatar : un esclavagiste d’aujourd’hui

La filiale du groupe Vinci nommée Vinci Construction Grands Projets est convoquée par un juge à Nanterre, suite à une plainte d’associations humanitaires et d’anciens ouvriers de Vinci pour travail forcé, traite d’êtres humains et réduction en servitude sur ses chantiers au Qatar.

Illustration - un esclavagiste d’aujourd’hui

Les grands travaux développés à l’approche de la prochaine Coupe du monde de football au Qatar ont fait au moins 6 500 morts en dix ans. Il s’agissait de travailleurs immigrés d’Inde, du Népal, du Bangladesh ou du Pakistan dont la plupart des décès ont été enregistrés comme des morts naturelles.

En fait, ils sont la conséquence de problèmes cardiaques ou respiratoires dus aux fortes chaleurs et aux conditions de travail épuisantes. La plainte contre Vinci décrit la réalité de cet esclavage moderne à travers les témoignages de ceux qui l’ont subie.

Les ouvriers expliquent que, dès leur arrivée dans l’émirat, ils ont dû remettre leur passeport à des membres de la filiale de Vinci et signer un document dans une langue qu’ils ne comprenaient pas. Le contrat de travail avait été expliqué oralement en hindi. Il spécifiait huit heures de travail par jour, mais dans les faits c’était onze : de 6 h à 12 h et de 13 h à 18 h. « Parfois (…) je travaillais sept jours par semaine », déclare un maçon du chantier du métro. Logé à près de deux heures de route, il devait se lever vers 4 h du matin pour rentrer au camp à 20 h. Là-bas, « On était quatre par chambre, dans des lits superposés », dit-il, et de douze à quinze pour une salle de bains. Pour les 1 200 personnes du camp, il n’y avait qu’un seul docteur : « un Philippin, on ne comprenait pas ce qu’il disait ».

Ceux qui travaillaient en extérieur devaient subir des températures allant jusqu’à 50 °C. « J’ai vu des gens devenir nauséeux et tomber sur le sol », dit un soudeur. Un gardien népalais explique qu’il n’avait le droit de se mettre à l’ombre que pendant l’heure du déjeuner. Un plombier raconte qu’il a commencé à avoir des problèmes cardiaques et à vomir à cause du gaz, de la fumée et du pétrole.

Suite à sa convocation par la justice, le groupe Vinci a affirmé avoir « toujours œuvré en faveur de l’amélioration des conditions de travail au Qatar ». Sur son site Internet, on trouve tout un dossier intitulé « Vinci au Qatar », avec des photos montrant combien Vinci est préoccupé des conditions de vie et de travail de ses ouvriers... à mille lieues de la vérité. Cela rappelle la propagande coloniale, l’œuvre civilisatrice masquant la réalité d’une oppression terrible. Du point de vue des opprimés, le temps des colonies n’a pas disparu.

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