Capécure – Boulogne-sur-Mer : des profits dopés par l’exploitation et l’argent public27/07/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/07/2817.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Capécure – Boulogne-sur-Mer : des profits dopés par l’exploitation et l’argent public

Capécure à Boulogne-sur-Mer est la première zone industrielle de transformation des produits de la mer en Europe, avec 400 000 tonnes traitées par an et environ 5 000 ouvriers.

Le secteur dégage d’énormes profits et plusieurs géants de l’agroalimentaire sont implantés là.

On trouve ainsi l’entreprise Mowi, numéro un mondial du saumon d’élevage avec 30 % de parts de marché. Cotée à la Bourse d’Oslo, l’entreprise a réalisé 511 millions d’euros de bénéfices net en 2021, un record historique. Dans un communiqué, Mowi se félicite « de la flambée des prix du saumon sur tous les marchés en raison d’une augmentation continue de la demande mondiale combinée à une faible offre.» Si l’inflation est un problème pour les travailleurs, elle réjouit les actionnaires.

On trouve également Findus, filiale du trust Nomad Food Limited coté à la Bourse de New-York et dont le siège social se trouve dans le paradis fiscal des Îles Vierges britanniques. Il y a aussi Capitaine Houat, filiale du groupe Intermarché, chez qui le poisson est conditionné avant de finir dans les rayons des supermarchés de toute l’Europe.

Ces entreprises, déjà très riches, sont largement arrosées de subventions publiques. Et tous les prétextes sont bons pour demander à l’État de passer à la caisse : Brexit, Covid, guerre en Ukraine. Au mois de juin, se sont tenus à Boulogne-sur Mer les états régionaux de la filière halieutique. Les patrons ont pu s’adresser directement aux représentants de l’État et ont obtenu une enveloppe de 27 millions d’euros, sans aucune contrepartie. Il leur a suffi d’affirmer que « la guerre en Ukraine engendre beaucoup d’incertitudes ».

Lors de ces états régionaux, il n’était évidemment question ni des profits réalisés par ces entreprises, ni des conditions de travail de ceux qui sont la base de toute cette activité : les ouvriers de l’agroalimentaire.

Dans les ateliers de découpe du poisson, la température est de 6°C et on y travaille en accumulant les couches de vêtements. Les gestes répétitifs liés à la découpe des filets et les cadences causent de nombreux troubles musculo- squelettiques. Et, dans une ville qui compte 18 % de chômeurs, les patrons tirent les salaires vers le bas. Le recours à l’intérim est massif. Avant de décrocher un CDI au smic, les ouvriers ont bien souvent tourné dans toutes les entreprises de la zone.

Ce n’est pas le manque d’argent qui empêche les patrons d’augmenter les salaires et d’embaucher massivement, pour que le travail soit moins dur dans les ateliers. Avec un État qui subventionne les profits et ferme les yeux sur leurs conditions de travail, les salariés ne devront compter que sur leurs propres forces pour imposer que leurs intérêts passent avant ceux des actionnaires.

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