Couvre-feu, confinement : la liberté... d’aller travailler !28/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2726.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Couvre-feu, confinement : la liberté... d’aller travailler !

Face à la progression incontrôlée de l’épidémie, le gouvernement a étendu et durci le couvre-feu et les restrictions multiples de la vie sociale. Un nouveau confinement, sous une forme locale, partielle ou générale, est probable.

Toutes ces mesures douloureuses sont présentées comme indispensables pour faire face à l’épidémie et éviter une saturation dramatique des hôpitaux. En réalité, elles résultent avant tout des manquements accumulés par le gouvernement depuis le mois de mars et avant. Les hôpitaux publics sont débordés parce que depuis des années on y a supprimé des lits et embauché au compte-gouttes. Mais, depuis mars, aucun plan d’urgence n’a été activé pour augmenter le nombre de lits de réanimation, embaucher et garantir au personnel des conditions de travail et de salaire décentes. La stratégie « tester, tracer, isoler » a échoué. À aucun moment, le gouvernement n’a réquisitionné les laboratoires privés ni mis en place un plan et une logistique, sous le contrôle de l’État, avec l’embauche des 30 ou 40 000 personnes qui seraient nécessaires pour assurer les tests, le suivi et l’isolement efficace des malades.

Il ne faut pas s’en étonner car l’État, quelle que soit la personnalité qui occupe l’Élysée, n’est pas au service de la population et de l’intérêt général. C’est un appareil façonné pour défendre les intérêts des capitalistes les plus puissants, sans leur imposer la moindre contrainte. Dès le début de la crise sanitaire, sa priorité a été de garantir que la machine à profit continue à fonctionner « quoi qu’il en coûte ». Les centaines de milliards ont été pour les grandes entreprises, pas pour l’hôpital ni pour les Ehpad.

Quant aux salariés, ils sont priés d’aller travailler coûte que coûte, de s’entasser dans des transports bondés puis de rentrer chez eux en réduisant leur vie sociale et leurs loisirs au minimum. Aucune patrouille de police n’est envoyée dans les entreprises pour vérifier si elles ne sont pas des clusters à Covid. Mais des travailleurs sont sanctionnés par leur hiérarchie s’ils portent mal le masque, quelle que soit la pénibilité de leur poste. Les élèves, les étudiants et leurs professeurs ont été entassés depuis septembre dans des salles bondées, sans locaux supplémentaires, mais seuls ceux qui se retrouvaient en soirée ont été accusés de propager le virus. Désormais, le gouvernement en est réduit à interdire à 46 millions de personnes de sortir de chez elles entre 21 heures et 6 heures, en attendant les autres mesures imminentes. Pour imposer ce couvre-feu, plus dur à supporter quand on est jeune, mal logé ou que l’on vit dans une famille nombreuse, Castex a su être rapide, mobilisant 12 000 policiers et gendarmes qui ont distribué 5 000 amendes en une seule semaine.

Le gouvernement exploite et alimente la peur légitime provoquée par le Covid-19 pour faire accepter ces mesures contraignantes. Il vient de prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’en février 2021, ce qui choque jusqu’au président de la très officielle Commission nationale des droits de l’homme, qui dénonce « une concentration du pouvoir entre les mains de l’exécutif ». Comme dans le cas des menaces terroristes, la crise sanitaire et le choix de restreindre la liberté de circulation ou de réunion ont aussi une utilité pour le gouvernement. Ils sont l’occasion d’habituer les travailleurs à se conformer à ses consignes et à accepter tout ce qui vient du pouvoir. Alors que se dessine une profonde crise économique et sociale, il se donne ainsi des moyens supplémentaires pour leur en faire payer les conséquences.

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