Gap : la solidarité en procès17/01/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/01/LO2633.jpg.445x577_q85_box-0%2C37%2C746%2C1004_crop_detail.jpg

Leur société

Gap : la solidarité en procès

Jeudi 10 janvier, le tribunal correctionnel de Gap, dans les Hautes-Alpes, a condamné trois personnes pour aide à l’entrée irrégulière d’un étranger. Une femme de 36 ans qui, touchée par la détresse d’un jeune Guinéen rencontré en Italie, l’avait pris à bord de son véhicule et conduit en France, a été condamnée à 1 500 euros d’amende, dont 750 avec sursis.

Pierre Mumber, 54 ans, connu dans le Briançonnais pour son engagement associatif en faveur des migrants mais aussi des enfants handicapés, a été condamné à trois mois de prison avec sursis au motif d’avoir aidé quatre migrants à franchir la frontière dans la neige, en janvier 2018, par le col de Montgenèvre, et de s’être opposé à l’intervention des policiers. Enfin Kévin Lucas, 32 ans, impliqué lui aussi dans l’aide aux migrants dans la région de Briançon, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir, en mars 2018, pris cinq migrants à bord de son véhicule en Italie et refusé d’obtempérer quand les policiers lui ont demandé de s’arrêter après son passage de la frontière.

Cent cinquante personnes étaient venues au tribunal soutenir les accusés. Les avocats des deux militants avaient réclamé le report de l’audience pour n’avoir reçu le dossier pénal que très tardivement : le 24 décembre pour Pierre Mumber, et le 10 janvier pour Kévin Lucas, soit le jour même ! Mais la juge, du même avis que la procureure, n’a pas voulu en tenir compte. Par ailleurs, Pierre Mumber était accompagné par des journalistes italiens au moment des faits qui lui sont reprochés et une vidéo apportée par son avocat aurait pu prouver qu’il ne s’était pas opposé aux policiers, mais la juge n’a pas non plus voulu en tenir compte.

Le 13 décembre dernier, le tribunal de Gap avait déjà condamné sept militants pour aide aux migrants, avec des peines allant de six mois de prison avec sursis à quatre mois ferme. Par ces nouvelles condamnations, la justice, en bon instrument de la politique gouvernementale, cherche encore un peu plus à dissuader ceux qui veulent porter secours aux migrants.

Les deux militants ont décidé de faire appel de leur condamnation, comme l’avaient fait les condamnés du 13 décembre. Ils veulent montrer qu’ils ne comptent pas renoncer, qu’ils refusent la politique inhumaine de l’État, et qu’ils continueront à militer pour la solidarité avec les migrants.

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