Injustice flagrante à l’université14/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2624.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Injustice flagrante à l’université

Depuis la rentrée, à la faculté de droit et de sciences économiques de Fouillole, en Guadeloupe, une étudiante, Wendy, est en conflit avec la direction de l’université, qui refuse de l’inscrire en deuxième année.

Le conflit a commencé suite à la perte de sa copie. Depuis, cette copie a été retrouvée, mais la direction en conteste la validité.

Cette affaire est symptomatique du fonctionnement de l’université. Il n’est pas rare que les copies soient perdues, que des registres de notes s’envolent dans le cartable d’un professeur parti en vacances, que les feuilles d’émargement ne comportent au petit bonheur qu’entre un tiers et la moitié des étudiants inscrits. Dans le doute, l’administration colle d’autorité des zéros ou des absences, pour combler les cases vides dont elle est elle-même responsable.

Peu de jeunes osent réclamer, face à une administration qui pratique la loi du plus fort et le mépris social. Une grande partie de ces étudiants sont issus des milieux très populaires et ressentent ce mépris, sans oser réagir pour autant. Ils savent pourtant qu’un jeune issu de milieu favorisé, ami de riches békés par exemple, a bien plus de chances de faire valoir ses droits. Bien sûr, cela est vrai partout mais, en Guadeloupe, le passé colonial renforce ces comportements.

Les restrictions budgétaires rendent difficile le fonctionnement de la faculté et entraînent une désorganisation à laquelle l’encadrement répond par un autoritarisme grossier envers les parents et les jeunes.

Dans une lettre ouverte au doyen de la faculté des sciences économiques et juridiques de Fouillole, une universitaire à la retraite a dénoncé les conditions d’enseignement et les rapports entre les élèves et le corps professoral. Les professeurs ont face à eux 600 étudiants dans des amphithéâtres bondés, étudiants que beaucoup considèrent avec mépris, ayant eu un « bac de merde » selon leur expression. Dix à quinze pour cent de ces jeunes seulement passeront en deuxième année. Autant dire que l’objectif est de faire un tri drastique parmi eux. Les abus d’autorité sont d’autant plus facilités. Cette ex-enseignante écrit : « Dans ces histoires de listes d’examen mal faites, jamais corrigées, trop d’étudiants ont accepté cette injustice, de peur d’être saqués. »

Il y a eu plusieurs rassemblements pour défendre l’entrée en seconde année de Wendy et obliger la direction de la faculté à en finir avec ces pratiques. L’affaire qui oppose Wendy aux dirigeants de l’université des Antilles a été portée sur la place publique et c’est une première étape. Mais le combat continue.

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