États-Unis : des catastrophes pas seulement naturelles14/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2624.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : des catastrophes pas seulement naturelles

Une série de feux dévaste à nouveau de larges zones de Californie. Le plus meurtrier a brûlé la petite ville de Paradise et ses environs, tuant au moins 50 personnes. Plus de 200 autres étaient encore manquantes et, dans la confusion de l’évacuation, elles peuvent aussi en avoir été victimes. 7 000 bâtiments sont détruits, dont plus de 6 000 maisons.

L’ampleur de l’incendie est telle que l’atmosphère de la région très peuplée de la baie de San Francisco, distante de 230 kilomètres, est enfumée. À 800 kilomètres plus au sud, près de Los Angeles, le feu de Malibu brûle toujours, ce qui a obligé quelques stars d’Hollywood à abandonner aux flammes leur luxueuse villa.

La cause directe du feu de Paradise est peut-être le dysfonctionnement d’une des lignes électriques gérées par la compagnie de gaz et d’électricité PG & E. En tout cas, les actionnaires de cette compagnie se sont pressés de se débarrasser de leurs actions, qui ont perdu 48 % de leur valeur en deux jours. Il est certain que la maintenance des lignes électriques n’est pas une priorité de la direction de PG & E. L’an dernier, les installations de cette compagnie ont causé le départ de pas moins de seize feux.

Ces désastres sont aussi liés à un climat plus sec, année après année, sur tout l’ouest de l’Amérique du Nord. Fin 2017, on comptait en Californie 129 millions d’arbres morts, pouvant servir de combustible à des feux. La saison des feux de forêt, qui auparavant atteignait son pic après l’été en octobre, avance de plus en plus. En juillet, la sécheresse est déjà très marquée et elle dure des mois. Cette saison dangereuse dure à présent 222 jours dans l’année, soit 80 jours de plus qu’il y a trente ans. Cette année, en Californie, elle a commencé dès le mois de février, et on y déplore à ce jour 56 feux d’ampleur. Certains sont si étendus et situés dans des terrains si peu accessibles que, malgré leur mobilisation neuf mois sur douze, les pompiers, dont certains en sont aussi victimes, ont toutes les peines du monde à les éteindre.

Des feux se déclarent de plus en plus souvent dans tous les États de l’Ouest américain : ils sont plus meurtriers en Californie, car cet État est peuplé de presque 40 millions d’habitants. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à s’éloigner des grandes agglomérations pour faire construire des maisons dans des zones de collines boisées, parce que cela coûte moins cher, ou bien parce que le cadre de vie y est d’ordinaire plus agréable. Depuis vingt ans, ce type d’habitat s’est accru de 43 % en Californie, mais ce sont ce type de maisons et leurs habitants qui sont les victimes du feu de Paradise.

Ces catastrophes récurrentes sont ainsi d’autant plus meurtrières que, même dans une des régions les plus riches de la planète, la société capitaliste est incapable de planifier son développement et de maîtriser son environnement.

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