17 novembre : ne pas laisser le terrain à l’extrême droite14/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2624.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

17 novembre : ne pas laisser le terrain à l’extrême droite

Les directions de toutes les centrales syndicales ont refusé d’appeler à participer, sous une forme ou sous une autre, à la journée du 17 novembre, même si plusieurs syndicats, des unions locales voire une union départementale de la CGT ont appelé finalement à faire grève ou à manifester ce jour-là, pour réclamer des augmentations de salaire face à la hausse de tous les prix.

Le principal argument avancé par la direction de la CGT est que « la mobilisation du 17 novembre est clairement une mobilisation d’extrême droite ». Que la droite et l’extrême droite manœuvrent pour tenter de récupérer la colère contre la politique de Macron, c’est une évidence.

Et en effet aucun militant ouvrier ne souhaite tirer les marrons du feu pour le patronat et être instrumentalisés par ses ennemis politiques. Mais, au lieu de déserter le terrain de la protestation, ce devrait être une raison supplémentaire pour proposer une politique de classe pour les travailleurs.

Les initiateurs de cette mobilisation lancée sur les réseaux sociaux, ou ceux qui se sont mis en avant pour l’organiser un peu partout dans le pays, sont sans doute très divers, s’affirmant apolitiques, parfois proches des petits patrons, mais aussi bien souvent des salariés qui utilisent tous les jours leur voiture. Au-delà de ses initiateurs, la mobilisation des gilets jaunes a trouvé un écho important au sein des travailleurs et des classes populaires, en particulier dans les petites villes, les zones rurales et plus particulièrement parmi ceux qui ont les salaires les plus faibles.

La question n’est pas de savoir si la CGT ou d’autres syndicats doivent ou non appeler à la mobilisation du 17 novembre, mais de savoir s’ils se soucient d’exprimer et d’offrir une perspective à l’indignation et à la colère qui se manifestent parmi les travailleurs et dans leur propre base. Si elles s’en souciaient vraiment, les directions syndicales ne faciliteraient pas les manœuvres de récupération de l’extrême droite et du patronat : elles les rendraient impossibles.

Tant qu’il s’agit de tirer à boulets rouges sur Macron et le fisc, tant qu’il s’agit d’une mobilisation un samedi, et que cela ne pénalise pas trop le patronat, l’extrême droite peut soutenir le mouvement. Mais ce ne sera plus le cas si le mouvement prend un caractère ouvrier et antipatronal. Revendiquer de prendre sur les profits pour augmenter les salaires et les pensions, mettre en cause les responsabilités du patronat et de la bourgeoisie dans le recul de la condition ouvrière, voilà qui ne peut pas être récupéré par les ennemis politiques des travailleurs.

En se contentant de condamner les initiatives du 17 novembre, les directions syndicales risquent de laisser le terrain à l’extrême droite. Ce n’est pas l’intérêt des travailleurs, qui est d’exprimer leur indignation sur leur terrain de classe, de formuler leurs revendications et de mener le combat pour elles, ce qui est la meilleure façon d’empêcher toute récupération par un quelconque démagogue.

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