Migrants : l’inhumanité sans frontières20/06/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/06/P8_aquarius-Ocelot_finalise.jpeg.420x236_q85_box-0%2C54%2C385%2C271_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants : l’inhumanité sans frontières

Les 629 réfugiés de l’Aquarius sont arrivés dans le port espagnol de Valence dimanche 17 juin, après un périple de 1 300 kilomètres en Méditerranée. Ces quelques centaines de migrants, dont 123 mineurs isolés, ont trouvé un répit dans un pays de l’Union européenne, mais leur sort est éclairant sur les divisions qui la fracturent.

Illustration - l’inhumanité sans frontières

L’annonce par le ministre de l’Intérieur d’extrême droite Salvini que l’Aquarius ne pourrait accoster dans un port italien a ouvert une crise diplomatique avec la France, après que Macron a dénoncé le gouvernement italien comme cynique et irresponsable, sans qu’à aucun moment il n’envisage lui-même d’accueillir l’Aquarius dans un port français. La discorde a trouvé son épilogue avec la rencontre entre Macron et le Premier ministre italien Conte qui a finalement eu lieu à l’Élysée vendredi 15 juin, après bien des rumeurs d’annulation.

Les deux dirigeants ont affiché une entente parfaite, selon les termes du Premier ministre italien, et partageaient une totale « communauté de vues » sur les moyens à mettre en œuvre pour fermer les portes de l’Europe aux migrants. Sur ce dernier point, il y a une grande part de vérité, car la politique de Macron en matière de chasse aux migrants n’a rien à envier à celle du gouvernement italien. Mais la réconciliation des deux hommes relevait autant de la mise en scène que la brouille diplomatique des jours précédents. En effet, après cette rencontre, tout va continuer comme avant : les douaniers français vont continuer de refouler vers l’Italie les migrants qui tentent de franchir la frontière à Menton-Vintimille ou en traversant les cols des Alpes.

Cet épisode tendu entre la France et l’Italie est à l’image des tensions qui se généralisent entre les États de cette Union européenne de moins en moins unie et au sein de laquelle les frontières intérieures se ferment toujours davantage au nom de la lutte contre l’immigration.

Ainsi, le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz, élu fin 2017 en s’alliant avec l’extrême droite, a annoncé mercredi 13 juin la mise en place d’une coalition « dans la lutte contre l’immigration illégale », baptisée « l’axe des volontaires », au côté des ministres de l’Intérieur italien et allemand. Ce dernier, le conservateur bavarois Horst Seehofer, a trouvé le moyen de faire parler de lui en adressant un ultimatum à Angela Merkel, chancelière et chef du gouvernement dont il est membre : il lui a donné deux semaines pour « négocier une solution européenne au défi migratoire », faute de quoi il décrétera une fermeture des frontières !

L’odyssée de l’Aquarius illustre le sort tragique des migrants que l’Union européenne refuse d’accueillir. Ce ne sont pas les richesses qui font défaut mais, dans le système capitaliste en faillite, elles se concentrent entre les mains d’une minorité qui condamne la grande majorité à vivre dans une Europe de plus en plus pourrie par les inégalités et gangrenée par la xénophobie que tous les gouvernements encouragent par leur politique.

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