Aides sociales : la guerre aux pauvres20/06/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/06/P14_Shadocks_Lupo_finalise.jpg.420x236_q85_box-0%2C36%2C385%2C252_crop_detail.jpg

Leur société

Aides sociales : la guerre aux pauvres

C’est dans son édition du 6 juin que Le Canard enchaîné faisait état d’une économie de sept milliards sur les aides sociales, qui devrait être imposée d’ici 2021 par le Premier ministre au ministère des Solidarités et de la Santé.

Illustration - la guerre aux pauvres

Agnès Buzyn a bien affirmé en réponse qu’il n’en était rien, qu’il n’était pas question de « faire des économies sur le dos des pauvres ». Mais elle ajoutait aussitôt, en substance, qu’il faut savoir s’interroger sur l’utilité des aides dès lors qu’elles ne remplissent pas leur objectif, qui serait de sortir de la pauvreté. En même temps, le président lui-même, dans une fuite consciencieusement organisée par son service de communication, livrait aux médias cette somme de bêtise et de grossièreté selon laquelle : « On met un pognon dingue dans les minima sociaux et les gens sont quand même pauvres. »

Quelque temps auparavant, Gérard Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, avait aussi tenu son rôle, confessant à propos des aides sociales « Je ne sais plus combien il y en a », juste avant d’asséner : « Mais il y en a trop. » Et de s’empresser d’affirmer : « Les aides ne sont pas incitatives pour sortir de cette période inactivité », les traitant de « trappes à inactivité ».

Tous ces politiciens au service de la bourgeoisie entonnent à l’unisson la rengaine selon laquelle il y aurait trop d’aides sociales. Tous ajoutent le couplet selon lequel il faut « responsabiliser les gens si on veut qu’ils sortent de la pauvreté ». Ainsi donc, si on compte aujourd’hui près de 10 millions de pauvres, ce serait parce les aides sociales pousseraient les chômeurs à rester chez eux plutôt qu’à partir à la recherche d’un emploi. Il faut vraiment toute l’arrogance et le mépris de ces hommes au service du pouvoir pour proférer de telles inepties.

Pas responsables, les pauvres ? Quand il faut avec quelques centaines d’euros jongler pour payer le loyer, l’électricité, le gaz, le téléphone, et acheter de quoi nourrir et habiller, entre autres, les enfants ? Pas responsables, quand ils doivent y penser jour et nuit, avec l’angoisse de ne pas y arriver si la maladie s’en mêle ?

Les aides sociales sont minables, insuffisantes pour vivre, elles permettent tout juste de survivre. Tous ces serviteurs de la bourgeoisie le savent, eux qui perçoivent des salaires vingt fois supérieurs, sans compter les aides « sociales » – logement et voiture de fonction, accès gratuit au réseau SNCF, dépenses téléphoniques, etc.– dont ils bénéficient. Mais ils savent dans quel camp ils sont et que, pour maintenir à tout prix le système qu’ils gouvernent, ils doivent être prêts à toutes les hypocrisies, à toutes les argumentations mensongères.

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