Égalité femmes-hommes : beaucoup de discours, peu de moyens14/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2589.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Égalité femmes-hommes : beaucoup de discours, peu de moyens

L’égalité femmes-hommes avait été décrétée par Macron la « grande cause du quinquennat ». Après un tour de France de plusieurs mois pour jauger la situation, la secrétaire d’État Marlène Schiappa a choisi le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, pour présenter une cinquantaine de mesures destinées, selon le gouvernement, à promouvoir cette égalité.

Ces mesures sont dans la droite ligne de toutes les recommandations, voire de toutes les lois qui ont vu le jour depuis cinquante ans, sans faire beaucoup évoluer la situation.

Pour lutter contre les violences conjugales dont les femmes sont victimes, un système d’alerte en réseau, destiné à mieux les repérer, sera mis en place et 2 000 places d’hébergement leur seront réservées en 2018. Or, chaque année, 225 000 femmes déclarent avoir subi des violences de la part de leur partenaire.

En milieu scolaire, un référent égalité sera nommé dans chaque établissement à la rentrée 2019, dans le but de faire remonter les problèmes. Et après, combien de temps faudra-t-il attendre pour leur apporter au moins un début de solution, sachant que, parallèlement, la diminution du nombre d’adultes dans les écoles ne peut qu’en créer de nouveaux ?

Mais surtout, la plupart des points abordés concernent le milieu professionnel. Après avoir constaté que, malgré les lois, « l’égalité existe dans le droit mais pas dans les faits », le Premier ministre a déclaré vouloir passer à une « égalité réelle ». Il n’est pas le premier à l’affirmer. Entre 1971 et 2014, sept lois ou décrets se sont donné le même objectif, avec le résultat que l’on connaît. Il est donc prévu de déployer d’ici 2020, dans les entreprises d’au moins 50 salariés, un logiciel permettant de détecter les écarts de salaire « injustifés ». Les entreprises qui se permettraient de tels écarts en trois ans (ce qui leur laisse du temps) seraient sanctionnées d’une pénalité financière pouvant aller jusqu’à 1 % de leur masse salariale. Reste à savoir ce qui se trouve derrière le mot « injustifié », tant les préjugés sont tenaces, surtout quand il s’agit de payer moins cher des salariées.

Tout cela, ce sont de grands mots, parfois incompréhensibles, telle l’agence de « mentorat » qui devrait être mise en place pour aider les femmes à surmonter les prétendus obstacles psychologiques qui les empêchent d’accéder à des postes de responsabilité. Comme si les obstacles n’étaient pas à rechercher dans le fonctionnement de cette société rétrograde où des patrons peuvent décider que, à travail égal, les femmes seront moins payées que les hommes ! De même, elles sont les premières touchées par les temps partiels imposés, dans les métiers où elles sont majoritaires : vendeuses, caissières de supermarché, aides ménagères, agents de nettoyage, etc. Ces quelques mesurettes supplémentaires ne changeront rien à l’inégalité entre les sexes, d’autant plus que les crédits nécessaires pour faire évoluer les choses seront absents.

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