Maroc : la mobilisation continue à Jerada24/01/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/01/2582.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : la mobilisation continue à Jerada

À Jerada au Maroc, la population, en particulier les jeunes, reste mobilisée à travers des manifestations régulières depuis l’accident mortel, le 22 décembre 2017, de deux jeunes mineurs dans un puits de charbon clandestin.

Vendredi 19 janvier, une grève des commerces de la ville a eu lieu le matin, et une marche de protestation l’après-midi, avant une nouvelle discussion avec un représentant de l’État. Une autre marche provinciale, samedi 20 janvier, a réuni des milliers de personnes.

Ce puits de mine appartenait aux Charbonnages du Maroc, société d’État fermée en 2001. L’exploitation de la mine avait commencé en 1936, sous protectorat français, et à l’époque tout était exporté. Mais vers le milieu des années 1990 ses dirigeants ont considéré qu’elle ne rapportait pas assez et ont fini par la fermer, sans proposer de réelles alternatives locales.

Les employés ont alors été indemnisés, mais trop peu pour survivre dans cette région sans travail, enclavée et reculée dans la montagne. Petit à petit, des anciens mineurs sont donc retournés dans les puits, ainsi que toute leur famille, sans outils appropriés, sans casques, sans masques, sans éclairage. En s’introduisant dans les galeries étroites, et cela pour quelques dizaines d’euros par jour, ils risquent leur vie et s’exposent à la maladie incurable des mineurs, la silicose.

Depuis l’accident, le gouvernement a annoncé un plan d’urgence, mais la population ne lui fait pas confiance et veut des actes. Une centrale électrique qui date de 1971, située près d’Hassi Blal, autre ville sinistrée, et qui a fonctionné longtemps avec le charbon de Jerada, vient de voir ses travaux d’agrandissement se terminer. Elle pourrait créer des centaines d’emplois mais, pour le moment, rien n’a été annoncé.

En tout cas, la population s’est organisée pour se faire entendre. Dans plusieurs quartiers de Jerada et dans les villages alentour, des représentants ont été désignés, soit près de 80 personnes, pour élaborer le cahier de revendications. Des délégués ont ensuite été choisis pour le défendre à chaque réunion avec les représentants de l’État ou de la région. Les comités de quartier décident au jour le jour de la mobilisation.

Les villageois réclament des emplois sur place et surtout ne veulent plus risquer leur vie dans les mines clandestines. Ils réclament aussi une diminution radicale des factures d’électricité et d’eau, et un service de santé assez important pour prendre vraiment en charge les anciens mineurs, malades à cause des poussières de charbon.

Les manifestants ont rapidement pris pour nom le hirak (le mouvement) de Jerada, pour exprimer clairement le lien de leur mobilisation avec la contestation sociale qui a duré plusieurs mois dans la ville d’El-Hoceima, située plus au nord-ouest du pays. D’El-Hoceima à Jerada, le mécontentement a les mêmes causes et, heureusement, les luttes des uns en encouragent d’autres.

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