Amiante : une bataille gagnée… au Brésil06/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2575.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : une bataille gagnée… au Brésil

Au Brésil, la Cour suprême fédérale a déclaré inconstitutionnel l’usage de l’amiante. Elle n’a pas tenu compte de la promesse d’Eternit (toujours lui) de ne plus utiliser, à partir de la fin de 2018, ces matériaux mortels dans la fabrication de tuiles et de tuyaux d’adduction d’eau.

Les magistrats brésiliens n’ont pas cédé aux pressions des industriels et c’est une victoire des victimes de l’amiante et de leur association, l’Abrea, mobilisées depuis des décennies.

La seule mine de Canabras, avec 150 travailleurs, a produit 250 000 tonnes d’amiante l’an dernier, plaçant ainsi le Brésil au troisième rang mondial, après la Russie et la Chine.

Ce sont les mêmes trusts Saint-Gobain et Eternit qui continuaient à sévir là-bas après les interdictions de l’utilisation de l’amiante en France en 1995. Au Brésil, « ce lobby puissant finança des campagnes électorales, des syndicats et mêmes des sociétés savantes », relatait la revue Santé et travail en janvier 2013.

Tout cela rappelle ce qui s’est passé en France avec le Comité permanent amiante (CPA) qui fit du lobbying de 1982 à 1995, organisa 182 réunions avec des experts, des membres des cabinets ministériels et des syndicats (CFDT, CGT… sauf FO).

Ces messieurs discutèrent pour prolonger l’utilisation de ce poison mortel, dont la nocivité était connue depuis 1906. Et cela malgré le fait que la Sécurité sociale avait inscrit l’asbestose, une des maladies dues à l’utilisation de ces matériaux, au tableau des maladies professionnelles dès 1945.

Aujourd’hui, le combat des victimes de l’amiante continue. Nombre d’entre elles, après vingt ans de procédure, viennent de voir leurs plaintes au pénal déclarées non recevables en juin 2017. Après avoir dédouané Martine Aubry en 2012 de sa responsabilité, la justice joue la montre.

Les procès dans d’autres pays vont dans le même sens.

Après le procès du drame de Casale Monferrato en Italie, la plus haute juridiction italienne a fini par annuler la condamnation à dix-huit ans de prison de l’industriel suisse Stephan Schmidheiny, jugé responsable de la mort de 3 000 personnes. Une honte, criaient les familles des victimes du plus gros scandale de l’amiante à l’échelle européenne. Entre-temps, Schmidheiny, l’ex-patron d’Eternit, s’est reconverti auprès de l’ONU en paladin de l’écologie et du développement durable.

Au Brésil, en Italie ou ailleurs, les victimes ne peuvent compter que sur elles-mêmes et leur mobilisation. À travers leurs luttes, les associations en France rappellent que les patrons empoisonneurs ne laissent qu’une issue : la lutte légitime pour réparation.

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