Belgique : des scandales à la crise politique05/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2553.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : des scandales à la crise politique

Depuis le début de l’année 2017, le Parti socialiste de Belgique, surtout dans la partie francophone du pays, est empêtré dans des scandales à répétition où des dirigeants sont pris la main dans le sac.

L’affaire Publifin a éclaté en décembre 2016, suite aux protestations d’un élu communal à propos des rémunérations versées à des mandataires publics pour des prestations quasi inexistantes, de l’ordre de 500 euros, voire 1 000 euros la minute de travail, et destinées à acheter la complaisance d’élus locaux à l’égard de la stratégie de développement de Publifin.

Fondé en 2006, le groupe Publifin est issu d’une intercommunale, une structure publique locale pour la distribution de gaz et d’électricité de la province de Liège. Avec l’argent gagné sur le dos des consommateurs, ce groupe s’est lancé dans le développement de multiples activités commerciales, à commencer par la fourniture d’accès Internet, téléphonie et télévision pour les particuliers, d’une chaîne TV payante, de services Internet pour les entreprises et les collectivités locales, d’un média de presse, et même d’un barrage hydroélectrique au Congo.

Publifin, société de droit et de capitaux publics, a créé Nethys, société de droit privé, échappant ainsi aux obligations légales de publicité des comptes et… des règles de rémunération, pour le plus grand profit des dix administrateurs de Nethys, qui se sont partagé 4,4 millions d’euros de tantièmes en 2014 et 2015.

Ainsi le bourgmestre PS d’Ans près de Liège, Stéphane Moreau, gagnait comme directeur général de Nethys un million d’euros par an ! D’autres administrateurs grassement rémunérés sont aussi des notables du PS wallon.

Cette transformation spectaculaire d’une intercommunale publique en holding privée, tentaculaire et extrêmement opaque, a été opérée sous la direction de mandataires politiques de tous les partis, mais issus majoritairement du Parti socialiste qui, en Wallonie, est aux affaires sans interruption depuis une trentaine d’années.

Peu à peu, il a été révélé qu’une myriade de structures et d’ASBL (associations sans but lucratif) semi-publiques, remplaçant souvent des structures publiques depuis les années 1990, sont une source quasiment inépuisable de grasses rémunérations de notables, surtout PS.

La révélation de trop a été celle impliquant le bourgmestre de Bruxelles, Yves Mayeur, et la présidente du CPAS (centre public d’aide sociale), Pascale Peraïta. Tous deux, membres du conseil d’administration de l’ASBL Samusocial en charge de l’accueil des sans-abri, recevaient de 17 à 19 000 euros par an en jetons de présence pour des réunions en grande partie fictives, bien sûr en plus des rémunérations confortables qu’ils touchent par ailleurs. Ils allongent maintenant la liste des mandataires socialistes qui ont dû quitter le PS depuis le début de l’année.

Ce discrédit du PS a inspiré le président du CDH (Centre démocrate humaniste, chrétien), Benoît Lutgen, pour « tirer la prise » des coalitions gouvernementales avec le PS en Wallonie et à Bruxelles, et lancer un appel aux autres partis, notamment le MR (Mouvement réformateur, libéral) et Ecolo, pour former des coalitions alternatives.

Il n’est pas sûr que le CDH (15 % des voix en Wallonie, 11 % à Bruxelles) convaincra que lui a les mains propres, vu qu’il les tend au MR (26 % en Wallonie, 23 % à Bruxelles), qui est impliqué dans l’affaire du Kazakhgate. Sous la pression du gouvernement français, passant par des dirigeants du MR, des lois avaient été faites sur mesure pour éviter au milliardaire kazakh Chodiev, aujourd’hui citoyen belge, et à ses comparses, des procès pour corruption suite à la vente d’équipement aéronautique par la France.

Ces renversements des coalitions wallonne et bruxelloise les aligneraient sur celle du gouvernement fédéral, dont le PS est exclu depuis 2014. Ce gouvernement fédéral a déjà accompli des attaques sévères contre le monde du travail. Le but est de continuer, voire d’accélérer ces attaques sans être encombré par un PS discrédité, paralysé par les affaires et médusé de voir ses électeurs risquer de partir vers le PTB (Parti du travail de Belgique), un parti d’extrême-gauche, aujourd’hui crédité de 24,9 % des intentions de vote en Wallonie pour les élections qui auront lieu dans deux ans.

D’ici ces élections de 2019, la crise politique peut encore s’aggraver ou bien stagner, mais de toute façon les travailleurs n’ont rien à attendre des prochains gouvernements, avec ou sans le PS, ou même avec le PTB.

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