Turquie : la répression en marche21/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2525.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : la répression en marche

Lundi 19 décembre, l’ambassadeur russe à Ankara a été assassiné, à la veille d’un sommet entre la Russie, la Turquie et l’Iran à propos de la Syrie. Un jeune policier des forces spéciales a tiré sur lui, criant en turc : « Allah Akbar ! N’oubliez pas Alep ! » Il a ajouté, en arabe cette fois : « Nous sommes ceux qui avons juré fidélité au prophète et au djihad », avant d’être abattu à son tour par la police.

Comme lors des attentats précédents, le gouvernement a aussitôt interdit toute information sur le sujet, craignant d’être gêné par les déclarations du kamikaze. En effet, selon certains médias, le policier assassin aurait agi au nom du front al-Nosra, scission d’al-Qaida que la Turquie avait soutenue et armée à partir de 2011 et qui, comme les autres groupes djihadistes, a subi les attaques de la Russie et s’oppose au rapprochement entre le gouvernement turc et celle-ci.

Le gouvernement turc, après s’être profondément impliqué dans la guerre civile syrienne, cherche en effet à en sortir en renouant avec la Russie, l’Iran et même le régime d’Assad, qu’il aurait voulu abattre et qui semble maintenant sauvé. L’attentat du 19 décembre montre qu’Erdogan ne s’en sortira pas si facilement car, au sein même de ses services, certains pourraient s’opposer violemment à cette orientation, contraire à tout ce que le gouvernement leur a fait faire jusqu’à présent. Et surtout, cet attentat vient s’ajouter à d’autres, eux aussi la rançon de la politique d’Erdogan.

Le 10 décembre un attentat suicide avait lieu au stade d’Istanbul. Le 17, un nouvel attentat meurtrier s’est produit à Kayseri, en Anatolie centrale, où une camionnette bourrée d’explosifs a fait sauter un bus transportant des soldats en permission. 14 d’entre eux ont été tués et 55 autres blessés. L’attentat a été attribué à la branche radicale des nationalistes kurdes, qui pensent répondre ainsi aux attaques de l’armée, mais qui ne font qu’entraîner des réactions de plus en plus dures du gouvernement turc.

Ainsi, au lendemain de l’attentat de Kayseri, plus de 800 arrestations ont eu lieu dans les milieux nationalistes kurdes. Des locaux du HDP, le parti légal partisan de l’autonomie kurde, ont été attaqués, voire incendiés. Les attaques ont pris une telle ampleur que le HDP a décidé d’évacuer tous ses locaux dans le pays.

Le gouvernement Erdogan continue à faire régner la peur dans le pays en poursuivant les arrestations quotidiennes, dans les milieux nationalistes kurdes et au-delà, toujours à la recherche des partisans de l’imam Fethullah Gülen accusé d’avoir fomenté la tentative de coup d’État militaire du 15 juillet. Mais la politique d’Erdogan a créé une situation telle qu’il a toutes les raisons de craindre une seconde tentative contre lui. Rien ne dit que la répression tous azimuts le sauvera.

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