Procès Lagarde : une négligence à 400 millions21/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2525.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès Lagarde : une négligence à 400 millions

La Cour de justice de la République (CJR) a déclaré Christine Lagarde coupable de négligence dans l’affaire Tapie... sans la condamner à la moindre peine. Lagarde a pu reprendre ses occupations à la tête du FMI, où elle veille aux intérêts des grands usuriers de la planète.

Sa négligence ? Une bagatelle... Alors ministre de l’Économie de Sarkozy, elle n’a pas contesté un arbitrage qui accordait 403 millions d’euros sur les deniers publics à Bernard Tapie, pour lui éviter un procès hasardeux. Selon le verdict, cette « négligence a rendue inéluctable l’appropriation par les époux Tapie de 45 millions d’euros », malgré l’annulation pour fraude de cet arbitrage. Alors, pourquoi la coupable n’a-t-elle pas été sanctionnée ? C’est le miracle de la CJR.

Déjà, dans les tribunaux ordinaires, un riche fraudeur du fisc muni de bons avocats est parfois condamné moins sévèrement qu’un pauvre ayant volé un steak pour se nourrir. Avec la CJR, une cour spéciale pour juger les ministres en exercice, dans laquelle siègent trois magistrats et douze parlementaires, les verdicts sont encore plus… étonnants. En 1999, dans l’affaire du sang contaminé, malgré toutes les victimes, cette cour avait blanchi les ex-ministres Laurent Fabius et Georgina Dufoix. Le secrétaire d’État à la Santé, Edmond Hervé, déjà avait été déclaré coupable sans être sanctionné.

Dans l’affaire Lagarde, le procureur général lui-même – ce personnage qui intervient dans les tribunaux « au nom de la société » et réclame d’habitude des années de prison – avait retenu chez la ministre « des erreurs d’appréciation » mais « aucune infraction ». Le ton était donné avant même le verdict.

Un tel verdict ne fait que refléter le fonctionnement ordinaire d’un appareil d’État au sein duquel les affairistes petits ou grands ont des relations à tous les étages. Quand ils n’occupent pas eux-mêmes des fonctions officielles, comme le grand artisan de cet arbitrage, Stéphane Richard, alors chef de cabinet de Lagarde et aujourd’hui PDG d’Orange.

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