Mélenchon aux Antilles : l’empire (français) contre-attaque21/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2525.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mélenchon aux Antilles : l’empire (français) contre-attaque

En voyage aux Antilles, Mélenchon s’est adressé aux électeurs d’outremer au nom de la « patrie commune ». La patrie dont parle Mélenchon, celle de la bourgeoisie française, est forte de onze millions de kilomètres carrés de domaine maritime. Elle le doit à des siècles de piraterie, de pillage, de massacres de populations autochtones, des Antilles françaises à La Réunion, de la Nouvelle-Calédonie à l’île de Clipperton, aux Kerguelen... Cet empire, ou plutôt les restes de cet empire, Mélenchon ne le conteste pas. Au contraire, il veut le mettre mieux en valeur, en faire mieux profiter les entreprises françaises. Et Mélenchon a un programme pour cela, qu’il est précisément allé exposer aux Antilles.

Mélenchon a dénoncé le fait que 95 % des poulets sont importés et il a parlé de la dépendance énergétique des Antilles. Mais, pour le poulet comme pour une grande partie de la nourriture, la situation résulte du monopole exercé sur le grand commerce par les familles bourgeoises, descendantes des propriétaires d’esclaves. Ces mêmes familles détiennent également les sociétés importatrices de carburant. Ce monopole a survécu à toutes les réorganisations administratives, à tous les changements politiques. L’administration française coloniale, puis départementale, ne le combat pas, elle l’organise. Les politiciens locaux ne s’y opposent pas, ils le gèrent.

Cet état de fait n’a été contesté sérieusement que par les travailleurs antillais eux-mêmes, dans la rue et par les moyens de la lutte de classe, comme lors de la grève générale de 2009. Mais pas plus aux Antilles qu’en métropole Mélenchon ne s’adresse aux travailleurs. Là-bas comme ici, il noie les différences de classe, les intérêts opposés des travailleurs et des capitalistes, dans des appels aux citoyens et aux patriotes. Mais à quels citoyens et à quels patriotes s’adresse-t-il dans l’ex-empire français ? Aux descendants des esclaves ou à ceux des négriers ? Aux organisateurs de la « pwofitasyon » ou à ceux qui la subissent ?

Quand on efface la différence entre les maîtres et les esclaves, entre les exploiteurs et les opprimés, c’est toujours pour finir par prendre le parti des maîtres.

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