Massacre de Thiaroye : les familles des victimes réclament la vérité07/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2523.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Massacre de Thiaroye : les familles des victimes réclament la vérité

À l’occasion du 1er décembre, jour anniversaire du massacre par l’armée française en 1944 de tirailleurs sénégalais rassemblés dans le camp de Thiaroye dans la banlieue de Dakar, des familles de victimes ont à nouveau réclamé d’avoir accès à toutes les archives, et demandé la révision du procès des survivants condamnés à l’époque pour insubordination.

La Seconde Guerre mondiale n’était pas encore terminée que l’armée française commençait à se débarrasser des 140 000 hommes qu’elle avait enrôlés de force dans les colonies d’Afrique noire. Les mille qui se retrouvèrent entassés dans des conditions lamentables dans le camp de Thiaroye étaient restés prisonniers en France pendant toute la guerre, dans un des camps que l’armée allemande faisait garder par des policiers français. En novembre 1944, les tirailleurs avaient été renvoyés au Sénégal avec seulement un quart de leur solde et la promesse de leur verser le reste à leur arrivée. Une fois hors de métropole, il n’en était plus question.

Désarmés, les hommes du rang furent abandonnés à leur sort, l’armée voulant les faire déguerpir sans rien leur donner. Fin novembre, déterminés à ne pas se laisser jeter comme des chiens, ils bloquèrent la voiture du général dirigeant le camp qui promit de leur payer leur dû. Mais au matin du 1er décembre, rassemblés par les officiers, les soldats se retrouvèrent face à des automitrailleuses qui firent feu. Entre 300 et 400 d’entre eux périrent sous les balles, jetés ensuite à la va-vite dans des fosses communes. Les survivants qui n’avaient pas réussi à prendre la fuite furent ensuite condamnés à plusieurs années de prison pour rébellion.

Pendant des années l’armée française, avec la complicité de l’État, fit tout son possible pour occulter l’ampleur du massacre, ne reconnaissant que 35 victimes à l’occasion de la reprise en main d’une prétendue mutinerie. Tourné en 1988, le film de Sembene Ousmane dénonçant ce crime ne fut programmé que dix ans plus tard dans quelques rares salles en France.

C’est seulement en 2012, lors d’un voyage officiel au Sénégal, que Hollande parla pour la première fois de répression sanglante. Il fit alors la promesse de transférer au Sénégal les archives des événements conservées en France. Mais au-delà de ces timides pas officiels vers la reconnaissance du crime commis par l’armée française, Hollande a continué en réalité à couvrir un massacre prémédité et exécuté de sang-froid. Il n’est même pas allé jusqu’à autoriser l’accès aux archives des forces françaises, restées au Sénégal jusqu’en 2011, qui contiendraient la liste exacte des victimes, l’emplacement des fosses communes, ainsi que des témoignages édifiants venant d’officiers ayant participé au massacre.

Comme le dénoncent les familles des victimes aujourd’hui, Hollande et son ministre des Affaires étrangères, Ayrault, refusent toujours de reconnaître que les tirailleurs ne faisaient que réclamer leur dû et que les officiers français avaient alors perpétré un massacre de sang-froid. Hollande s’inscrit ainsi dans la continuité de ses prédécesseurs à la tête de l’État et en défenseur des intérêts de l’impérialisme français en Afrique, couvrant jusqu’à ses pires crimes.

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