Alstom, Bombardier et les autres : non à la mise en concurrence des travailleurs !02/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2518.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom, Bombardier et les autres : non à la mise en concurrence des travailleurs !

L’annonce a fait la une des journaux : Alstom et Bombardier, les deux géants du ferroviaire, devraient avoir une commande à se partager pour le renouvellement des rames de train du RER de la région parisienne, à hauteur de trois milliards d’euros.

Ce serait enfin une nouvelle rassurante pour les salariés des deux groupes, uniquement pour ceux de leurs deux usines dans le Nord. Les perdants, ainsi présentés par le journal La dépêche du Midi, seraient ceux de l’usine du groupe franco-espagnol CAF, à Bagnères-de-Bigorre dans les Pyrénées-Atlantiques.

Salariés gagnants et perdants, voilà comment le monde politique et médiatique veut présenter les choses. Et des syndicalistes reprennent ce refrain. Mais cela revient à dire que le sort des travailleurs doit être lié à la bonne marche des affaires de leur patron, et admettre qu’ils soient en concurrence les uns avec les autres.

Les deux groupes sont des géants mondiaux dans leur branche. Sur un effectif total de plus de 70 000 salariés, le groupe Bombardier en compte plus de 39 000 dans sa branche ferroviaire, répartis sur des dizaines d’usines sur les quatre continents, pendant qu’Alstom en totalise 31 000 à travers le monde. L’exploitation de ces dizaines de milliers de travailleurs donne aux deux groupes une puissance financière considérable, qui se chiffre en milliards d’euros ou de dollars. Le seul but poursuivi est résumé en gros titre dans le document officiel du groupe Bombardier : « Créer de la valeur pour les actionnaires », avec la précision suivante : « Nos objectifs financiers sont clairs : améliorer la rentabilité et convertir les bénéfices en flux de trésorerie », ce qui peut permettre bien évidemment de verser de confortables dividendes. D’ailleurs le groupe a annoncé la suppression de 7 000 emplois dans le monde pour « améliorer sa rentabilité ».

Mais, même dans les usines qui seront chargées de ces nouvelles commandes, l’emploi des salariés n’est pas garanti par les bonnes affaires de leurs patrons respectifs. Chacun sait ce que veut dire dans toutes les entreprises la chasse à la rentabilité : cadences augmentées, pressions de toutes parts pour aboutir à la réduction des effectifs et transformation des emplois fixes en emplois précaires. Cela vaut chez Alstom, Bombardier et dans toutes les autres usines.

Cette concurrence artificielle entre salariés des différentes entreprises, et même entre salariés des différentes usines d’un même groupe, est le moyen qu’ont trouvé les patrons pour désarmer moralement les travailleurs et s’attaquer en permanence à leurs conditions d’emploi.

En défendant leurs intérêts communs de travailleurs face à leurs ennemis communs, les salariés de ces géants mondiaux représenteraient une force considérable. À des patrons qui agissent sous un seul commandement d’un bout à l’autre de la planète, les travailleurs doivent opposer une réaction commune, par-delà les frontières et les continents. Les travailleurs de l’usine située à quelques kilomètres sous un autre sigle ne doivent pas être considérés comme des concurrents mais au contraire comme des alliés, liés aux autres par des intérêts communs. Cela peut faire des travailleurs une force irrésistible, capable de faire face avec succès aux prétentions patronales. Le rapprochement entre leurs salariés respectifs : voilà ce qu’on peut attendre de mieux des rapprochements entre Bombardier et Alstom.

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