Pologne : les femmes font reculer le gouvernement12/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2515.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pologne : les femmes font reculer le gouvernement

Ce n’est pas tous les jours qu’on peut rire en écoutant les déclarations du gouvernement polonais. Mais, après le succès de la « journée noire » de protestation des femmes polonaises contre son projet d’interdire totalement l’avortement, déjà énormément restreint par la législation actuelle, il était désopilant de voir comment ses responsables ont fait machine arrière à grande allure, pour finir par le retirer jeudi 6 octobre.

Non, le ministre des Affaires étrangères qui a qualifié les manifestantes de marginales, en souhaitant « qu’elles s’amusent », ne parlait pas en tant que membre du gouvernement mais à titre privé, en son nom personnel, a déclaré dès le lendemain du 3 octobre Beata Mazurek, la porte-parole du PiS, le parti nationaliste et clérical au pouvoir. Le PiS et le gouvernement ont bien compris, eux, d’après cette porte-parole, que ce qui s’est passé dans les rues lundi 3 octobre est important. D’ailleurs « le PiS n’a jamais voulu punir les femmes » (jusqu’à cinq ans de prison, selon le nouveau projet de loi pour celles qui auraient avorté). Et même « c’est l’extrême gauche et l’opposition qui inventent que le PiS était derrière le projet qui avait été mis à l’étude par une commission parlementaire ». Eh oui, les députés du PiS le soutenaient, allaient même tous le voter, mais… ce n’était pas leur projet !

Mais 100 000 femmes – le chiffre que les médias polonais avancent – qui protestent publiquement contre lui, dans 143 villes, ont finalement fait reculer le gouvernement, et c’est tant mieux. Pour autant, le droit à l’avortement n’est toujours pas conquis en Pologne, car la loi extrêmement restrictive de 1993 reste en place et aucun gouvernement, même dirigé par d’autres partis que le PiS, ne l’a modifiée. De plus, le PiS a d’ores et déjà annoncé qu’il allait préparer un autre projet de loi sur l’avortement, et des députés ont déjà déposé, en septembre, un autre projet de loi limitant la fécondation in vitro. Et, parmi les partis politiques qui prétendent à la succession du PiS, la droite libérale, qui bataille contre lui depuis des mois, se satisferait tout à fait de la loi actuelle, qu’elle appelle le « compromis de 1993 ».

Autant dire que les féministes et les femmes polonaises, et tous ceux qui soutiennent leur combat, n’ont pas intérêt à se démobiliser car, pour faire plier les réactionnaires et les pleutres, il y aura fort à faire.

Partager